Saviez-vous que le célèbre poète Li Bai a vécu sous la dynastie Tang ?
Et connaissez-vous la tyrannique souveraine Wu Zetian, la seule impératrice régnante de Chine ?
La dynastie Tang, qui a marqué un véritable âge d’or de l’histoire chinoise, est fascinante.
Que vous soyez étudiant en sinologie ou un passionné de culture de Chine, cet article va vous plaire.
Je vous emmène découvrir la dynastie Tang, du premier de ses empereurs à son triste déclin.
Prêt à remonter le temps ?
Bonne lecture !
Sommaire
Informations générales sur la dynastie Tang
- Règne : 618 à 907 ap. J.-C
- Dynastie co-fondée par Tang Gaozu (618-626)
- Agrandissement de l’empire de Chine en Asie centrale, en Mandchourie méridionale, en Mongolie et au Viêt Nam.
- Dynastie florissante dans de nombreux domaines, notamment la poésie et les technologies
- Sa capitale Chang’an est alors la plus grande ville du monde
- A été influencée notamment par deux figures féminines majeures : Wu Zetian, devenue impératrice entre 690 et 705, et Yang Guifei, maîtresse de l’empereur Tang Xuanzong (712-756).
Nom chinois
Vous apprenez le mandarin ? La dynastie Tang s’écrit 唐朝, transcrit en pinyin comme « Táng Cháo ».
Le caractère 朝 s’utilise dans tous les noms de dynastie.
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L’essor de la dynastie Tang
La fin des Sui
La dynastie Tang succède celle des Sui (589 – 618).
En cherchant à restaurer la grandeur des Han, les empereurs de la dynastie Sui ont ruiné l’empire à coup de campagnes militaires désastreuses, entraînant la mort de nombreux paysans.
En 614, la dynastie se désintègre sous l’effet d’une série de révoltes populaires.
C’est Li Yuan, duc de Tang, qui réalise un coup d’État et monte sur le trône de l’Empire chinois.
Il fonde la dynastie Tang sous le nom de Gaozu.
La fondation de la dynastie Tang : les règnes de Gaozu et Taizong
Durant son règne, Gaozu tente d’apaiser le royaume, alors enclin aux révoltes.
Il réforme l’aristocratie, afin de limiter la taxation des paysans, et redistribue les terres.
Ce document constitue également un modèle pour plusieurs pays, comme le Vietnam, le Japon et la Corée.
Son fils Li Shimin, qui a aidé son père à fonder la Dynastie Tang, assassine ses propres frères et force son père à abdiquer. Il monte sur le trône sous le nom de Taizong. (Encore, bien qu’il y avait un code pénal.🤔)
S’il continue d’engager des réformes administratives, Taizong reste particulièrement célèbre dans l’histoire de Chine pour sa tolérance envers les religions étrangères.
Il autorise notamment la diffusion du Bouddhisme et du Christianisme en Chine, aux côtés du Taoïsme et du Confucianisme.
(Oui, c’est pas très chrétien/bouddhiste de tuer son frère pour monter sur le trône, mais que voulez-vous 🤦🏻♀️…)
Le règne de l’impératrice Wu Zetian et la dynastie Zhou
Gaozong, succède à son père Taizong.
Son règne est principalement marqué par l’impact de sa concubine Wu Zhao, qui exerce une forte influence sur lui.
À la mort de Gaozong en 683, Wu Zhao se déclare impératrice sous le nom de Wu Zetian (qui signifie « Souveraine du Ciel » – rien que ça ! 👸).
Elle est l’unique impératrice régnante de l’histoire de Chine. Pour marquer son pouvoir, elle modifie le nom de la dynastie Tang en Dynastie Zhou.
Elle étend les frontières de l’empire en Asie Centrale et prend le contrôle de la péninsule coréenne.
Elle engage des réformes dans des secteurs variés, comme l’agriculture, la fiscalité, l’éducation.
Elle transforme également l’examen impérial, qui devient alors plus méritocratique. Cet examen devient aussi anonyme et accessible à de nombreuses classes.
Wu Setian est un personnage longtemps considéré comme une souveraine tyrannique et violente. Elle est à présent reconnue par les historiens comme une impératrice qui a contribué à stabiliser l’empire. (Comme quoi, tout est une question de point de vue. 😉)
L’âge d’or de la Dynastie Tang
La dynastie Tang est restaurée lorsque le fils de Wu Zetian, Zhongzong monte sur le trône.
Son propre fils Xuanzong devient à son tour empereur. Son règne est considéré comme l’Âge d’Or de la dynastie Tang.
De nombreuses réformes qui restructurent en profondeur l’empire
L’empereur Xuanzong engage de multiples transformations.
Il réforme le secteur de la défense, en créant une armée professionnelle constituée d’anciens combattants.
Les paysans ne sont ainsi plus enrôlés de force dans le combat. Cette armée est chargée de sécuriser les frontières et de reprendre les terres des tribus nomades.
L’empereur abolit également la peine de mort.
De plus, il améliore la sécurité du pays, notamment le long de la Route de la Soie.
Il construit, par ailleurs, de nouvelles infrastructures religieuses et administratives, et de nouvelles routes.
Il favorise aussi le commerce maritime, qui s’étend vers l’Afrique, la péninsule arabique et le golfe du Persique.
Grâce au commerce extérieur et aux réformes engagées sur les finances du pays, la Chine connaît un grand essor économique.
Le commerce favorise aussi les échanges culturels et l’introduction de courants religieux, d’arts et de mode de vie venus d’Inde, de Turquie ou encore de Perse.
Essor culturel
La dynastie Tang est célèbre pour ses créations littéraires, notamment dans le domaine de la poésie.
Le poète Li Bai demeure une figure emblématique de la poésie chinoise.
Ses poèmes, qui portent sur des sujets divers comme le voyage ou l’amitié, sont encore toujours étudiés par les écoliers chinois.
Voici l’un de ses poèmes les plus connus :
静夜思 (jìng yè sī)
Pensées de nuit
床前明月光
(chuāng qián ming yuè guāng)
Le clair de lune lumineux tombe près de mon lit
疑是地上霜
(yí shì dì shàng shuang)
Comme le gel sur le sol
举头望明月
(jǔ tóu wàng ming yuè)
Je lève les yeux vers la lune
低头思故乡
(dī tóu sī gù xiāng)
Abaissant la tête, je pense à mon pays natal
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Par ailleurs, au cours du règne de Xuanzong, la technique de l’impression sur bois s’améliore.
De nombreux ouvrages sont alors publiés, ce qui favorise l’augmentation du taux d’alphabétisation dans le pays.
Grâce à cette avancée majeure, les classes inférieures peuvent enfin accéder à des examens pour devenir fonctionnaires d’État.
Par ailleurs, des bibliothèques voient le jour dans le pays. Le savoir se transmet plus facilement. La population a notamment accès à des livres de médecine et de diététique.
La sculpture connaît également un grand succès durant le règne des Tang.
Grâce à l’influence de la stature indienne, les divinités sculptées montrent des éléments de réalisme.
C’est également sous cette dynastie que les travaux les plus importants des grottes de Longmen et de Mogao sont menés.
Aujourd’hui classés au Patrimoine de l’UNESCO, ces sanctuaires arborent d’immenses statues de Bouddhas.
Diversité religieuse
Sous l’empire Tang, plusieurs religions se côtoient, parmi lesquelles le Taoïsme et le Bouddhisme.
Mais on retrouve aussi des courants religieux étrangers comme le Zoroastrisme (qui n’a rien à voir avec le héros masqué 😉), le Manichéisme, l’Islam ou le Christianisme nestorien.
Cependant, l’empereur Xuanzong favorise, quant à lui, le Taoïsme.
Il considère que cette religion est source d’unification et d’harmonie pour le peuple. Il décrète d’ailleurs que chaque foyer doit posséder un exemplaire de l’enseignement du Taoïsme.
Progrès technologiques
Le règne des Tang voit la création de grandes inventions de l’histoire de Chine et de profondes améliorations technologiques.
En 725, l’ingénieur Yi Xing crée le premier mécanisme d’horloge.
Cette technologie contribue à la création des célèbres automates chinois, plus complexes que les marionnettes motorisées inventées sous le règne de la dynastie Qin.
Les classes inférieures portent aussi à présent des tissus, à la place des peaux d’animaux.
De nouvelles machines agricoles sont créées dans le but d’améliorer la plantation, l’irrigation et la récolte des cultures.
Le règne de la Dynastie Tang voit également la création de nombreuses technologies encore utilisées de nos jours, comme la climatisation, l’étanchéisation, l’ignifugation, et la cuisinière à gaz.
C’est également à cette époque qu’est inventée la poudre à canon.
Déclin du règne de Xuanzong
L’empereur Xuanzong perd de son influence progressivement, car il délaisse ses responsabilités au profit de temps passé auprès de ses concubines.
Il tombe notamment sous le charme de Yang Guifei, considérée comme l’une des quatre beautés de la Chine.
Elle le pousse à nommer des membres de sa propre famille à des postes majeurs, allant de fait à l’encontre du système d’examen impérial, basé sur le mérite.
Le pouvoir de certains gouverneurs militaires, appelés jiedushi, augmente alors considérablement dans leur région. Ils en profitent pour asseoir une domination héréditaire.
Le général An Lushan, qui commande une partie de l’armée chinoise, se rebelle contre le pouvoir des Tang.
Il lance une rébellion qui dure de 755 à 763. Il prend le pouvoir de la capitale Tang et crée la dynastie Yan.
Sa rébellion est considérée comme l’une des guerres les plus meurtrières de Chine.
Elle entraîne un appauvrissement majeur du pays, qui perd au passage une grande partie de son territoire.
La chute de la Dynastie Tang
Révoltes intérieures
Le règne des Tang se dégrade dans les décennies qui suivent.
Les seigneurs de guerre de région prennent de plus en plus de pouvoir.
Le pays connaît des famines, des rébellions et des catastrophes naturelles.
La Dynastie Tang connaît un renouveau sous le règne de l’Empereur Xianzong.
Il contribue à stabiliser le pays, en contrant le pouvoir des seigneurs locaux. Il rétablit également le système de nomination au mérite.
Mais de nouvelles révoltes éclatent à nouveau en 813.
La persécution des bouddhistes
De grandes persécutions sont menées au milieu du IXe siècle à l’encontre de la religion bouddhiste.
Elles sont notamment influencées par les propos du lettré confucéen Han Yu.
Il déclare que le Bouddhisme est la source du déclin de la dynastie, et affirme que ce mode de pensée détourne les Chinois de leurs traditions, notamment celle de la fidélité du fils au père.
Les religieux sont assassinés ou forcés de quitter leurs monastères. De multiples statues et temples bouddhistes sont également détruits.
Des exactions sont également menées vers d’autres religions, telles que le Zoroastrisme, le Manichéisme, le Christianisme nestorien et le Judaïsme.
L’empereur Xuanzong II stoppe les persécutions. Toutefois, il n’autorise pas la pratique de ces religions et leurs édifices ne sont pas rouverts.
La fin de l’empire Tang
De nouvelles révoltes continuent de secouer le peuple.
Sous le règne de l’empereur Yizong, une violente sécheresse entraîne une famine chez le peuple, tandis que les élites consomment des denrées fastueuses.
La dynastie Tang est finalement renversée par le seigneur de guerre Zhu Quanzhong en 904.
Une période de grands bouleversements politiques, appelée la Période des Cinq Dynasties et Dix Royaumes (907-960), lui succède.
Durant ces années, la Chine reste divisée.
Il faut attendre la Dynastie Song (960-1279) pour que le pays soit à nouveau unifié.
Apprendre l’histoire de Chine avec Chinois Tips
Si l’histoire de Chine t’intéresse, je t’invite à découvrir également notre dossier sur la dynastie QING :
Merci
L’histoire de la Chine est tellement complexe qu’une piqure de rappel n’est jamais de trop !
Articles toujours très intéressants, merci !
En revanche je trouve que les clins d’œil ou autres petits commentaires n’ajoutent rien et orientent la réflexion alors qu’on est capable de se faire sa propre opinion sans cela.