Vous apprenez le mandarin, et vous avez envie de découvrir les plus beaux poèmes chinois ?

Ou peut-être désirez-vous charmer l’élue de votre cœur en lui écrivant quelques vers romantiques ? 😏

Bon… Cet article s’adresse surtout aux apprenants du chinois qui veulent comprendre les formes et les règles de base de la poésie.

Vous découvrirez ici les poèmes chinois les plus connus, ainsi que de courtes analyses pour mieux appréhender leurs significations.

Mais ne vous inquiétez pas, très chers don juans, je vous ai aussi trouvé deux très beaux poèmes qui parlent d’amour !

Découvrez sans plus tarder 7 des plus beaux poèmes de la littérature chinoise !

(En revanche, pour éviter tout malentendu, on ne parlera pas de haïkus dans cet article, car il s’agit de poèmes japonais, et non pas chinois. :p)

Le poème chinois (shi) : les formes et les règles de base

poète Li Bai

Les genres de la poésie chinoise

诗 est le terme générique pour parler de la poésie dans la littérature chinoise.

Il existe 3 genres principaux :

  • shi (诗);
  • ci (词): des poèmes chantés accompagnant une musique;
  • qu (曲): des poèmes chantés qu’on trouve dans les opéras.

Chaque forme est associée à une époque spécifique de l’histoire de la Chine : Tang shi (唐诗), Song ci (宋词) et Yuan qu (元曲).

Aujourd’hui, les poèmes chinois les plus connus sont ceux de la dynastie Tang.

Ce sont ceux-là que les écoliers apprennent en premier.

Les règles basiques

En chinois, la rime est plus simple qu’en français.

Seules les voyelles finales des vers doivent correspondre. Elles ne sont pas forcément identiques, mais sont similaires (ex. : 光 guāng et 乡 xiāng).

Les tons entrent en ligne de compte : le premier ton s’oppose aux autres, dits obliques.

Chaque genre poétique possède ses propres règles de prosodie.

Par exemple, les poèmes réguliers de l’époque Tang comptent quatre ou huit vers de 5 ou 7 pieds. Pour les ci, la longueur des vers est déterminée par la mélodie de la musique.

Dans la poésie chinoise, le rythme sémantique est crucial.

Un caractère peut fonctionner comme un mot simple (ex. : 水) ou comme un élément d’un mot à deux caractères (ex. : 海水).

Ainsi, un poème chinois classique présente un rythme sémantique prévisible, caractérisé par des combinaisons de 1 ou 2 signes.

Si vous ne connaissez pas le système d’écriture chinois, je vous conseille de lire ce guide sur les caractères chinois.

3 poèmes que tous les enfants connaissent en Chine

Poèmes chinois enfant

#1 静夜思, 李白 – « Pensées d’une nuit calme » de Li Bai

« Pensées d’une nuit calme » est écrit par Li Bai, l’un des plus grands poètes de l’histoire de la Chine.

Il s’agit d’un poème classique que tous les enfants en Chine savent réciter.

Si vous ne deviez mémoriser qu’un seul poème chinois, ce serait celui-ci !
静夜思

 

床前明月光

疑是地上霜

举头望明月

低头思故乡

Jìngyè sī

 

chuáng qián míngyuè guāng

yí shì dìshàng shuāng

jǔtóu wàng míngyuè

dītóu sī gùxiāng

Traduction littérale :

Devant mon lit se reflète le clair de lune

Ou est-ce le givre sur le sol ?

Levant la tête, je contemple la lune qui brille

Baissant la tête, je songe à mon village natal.

Analyse :

À l’époque où il a écrit ce texte, Li Bai avait quitté sa ville natale pour devenir érudit à la cour impériale. Dans ce poème, l’auteur exprime la mélancolie et le mal du pays qu’il ressent en contemplant la lune.

Il faut savoir que dans la culture chinoise, la lune est un symbole de réunion familiale.

Ainsi, l’image de la lune accentue la distance qui le sépare de ses proches.

Au niveau de la forme, vous pouvez noter la rime en « āng », sauf dans le troisième vers.

À propos de l’auteur :

Avec Du Fu, Li Bai est l’un des deux poètes chinois les plus célèbres de la dynastie Tang.

Surnommé « le poète immortel », il a composé de nombreux textes sur le thème de l’amitié, de la nature, du temps qui passe, mais aussi… sur le vin ! D’ailleurs, il était connu pour son penchant pour l’alcool. Ganbei ! :p

#2 悯农, 李绅 – « Compassion pour les paysans » de Li Shen

Poèmes chinois #5.jpeg

悯农

 

锄禾日当午,
汗滴禾下土。
谁知盘中餐,
粒粒皆辛苦。

Mǐn nóng

 

chú hé rì dāng wǔ,
hàn dī hé xià tǔ.
shuí zhī pán zhōngcān,
lì lì jiē xīnkǔ.

Traduction littérale :

Binage sous le soleil de midi

La sueur coule sur le grain et dans la terre

Qui aurait cru que dans un plat

Chaque grain de riz était synonyme de dur labeur ?

Analyse :

Écrit par Li Shen, le poème dépeint le dur labeur des fermiers chinois.

L’auteur a grandi au lendemain de la rébellion d’An Lushan. La campagne, ravagée et touchée par la famine, deviendra l’un des thèmes principaux du poète.

Son expérience personnelle de la pauvreté a certainement joué un rôle dans son admiration pour les agriculteurs.

Aujourd’hui, les parents et les professeurs récitent ce poème pour encourager les enfants à ne pas gaspiller la nourriture.

#3 登鹳雀楼, 王之涣 – « L’ascension de la tour de la Cigogne » de Wang Zhehuan

登鹳雀楼

 

白日依山尽,
黃河入海流;
欲穷千里目,
更上一层楼。

Dēng guàn què lóu

 

bái rì yī shān jǐn,
huánghé rù hǎiliú;
yù qióng qiānlǐ mù,
gèng shàng yī céng lóu.

Traduction littérale :

Le soleil éclatant se couche derrière les montagnes,

Le fleuve jaune se jette dans la mer;

Pour voir au-delà de mille lieues,

Il faut monter un étage.

Analyse :

Ce poème chinois classique fait référence à la tour de la Cigogne située dans la province du Shanxi.

Les deux premiers vers évoquent la beauté du paysage qu’on aperçoit en montant la tour. Dans les deux suivants, le poète explique que pour profiter pleinement d’une vue meilleure, il faut atteindre l’étage supérieur.

La morale de l’histoire ? Pour obtenir ce qu’on désire, il faut persévérer.

De nos jours, les Chinois utilisent ce poème pour encourager les jeunes à travailler dur pour avoir une vie meilleure.

Au niveau du style, il y a une rime entre 流 (liú) et 楼 (lóu). N

otez également le parallèle entre les mots suivants :

  • 白日 (soleil) et 黃河 (fleuve)
  • 依 (rester) et 入 (entrer)
  • 山 (montagne) et 海 (mer)

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Nature et amour 2

#4 春晓, 孟浩然 – « Aube du printemps » de Meng Haoran

春晓

 

春眠不觉晓,

处处闻啼鸟。

夜来风雨声,

花落知多少。

Chūnxiǎo

 

chūn mián bù jué xiǎo,

chùchù wén tíniǎo.

yè lái fēngyǔ shēng,

huā luò zhī duōshǎo.

Traduction de Shi Bo :

Au printemps, le sommeil dure au-delà de l’aube.

De tous côtés parvient le chant des oiseaux.

La nuit est à peine troublée par le murmure du vent et de la pluie.

Qui sait combien de fleurs sont tombées cette nuit ?

Analyse :

Ce poème chinois est un éloge au printemps et à la beauté de la vie.

Dans ce poème, Meng Haoran propose une observation fine de la nature : chaque aspect agréable est contrebalancé par un élément négatif (ex. : chant des oiseaux >< tempête).

Plusieurs interprétations sont possibles. On peut noter l’admiration de l’auteur devant la beauté fugace de la nature. Est-il trop occupé à s’émerveiller devant ce spectacle pour s’inquiéter des fleurs abîmées ?

Et vous, quelle est votre analyse ? Dis-moi ça en commentaire !

À propos de l’auteur :

Meng Haoran a vécu une grande partie de sa vie à la campagne, loin de la société.

En raison de ce mode de vie reclus, il a passé beaucoup de temps à observer le monde naturel qui l’entourait et à dépeindre la beauté des paysages.

#5 相思, 王维 – « Chagrin d’amour » de Wang Wei

相思

 

红豆生南国,
春来发几枝?
愿君多采撷,
此物最相思。

Xiāngsī

 

hóngdòu shēng nánguó,

chūnlái fā jǐ zhī?

yuàn jūn duō cǎixié,

cǐ wù zuì xiāngsī.

Traduction littérale :

Les haricots rouges poussent dans le Sud.

Combien en fleuriront au printemps ?

J’espère que tu en cueilleras beaucoup, mon cher ami,

Pour l’amour et le souvenir qu’ils expriment.

Analyse :

Il s’agit d’un poème d’amour chinois écrit par Wang Wei sous les Tang.

Le poète exprime son désir ardent de revoir son amante, qui se trouve dans le sud du pays, et lui, au nord. Il espère que son amoureuse ne l’oublie pas, malgré la distance qui les sépare, et l’incite à cueillir des haricots rouges.

Pourquoi l’allusion aux haricots rouges ?

Dans la culture chinoise, cette graine symbolise l’amour et la fidélité.

Ce poème classique est une façon subtile et raffinée de dire « tu me manques » et ‘« j’espère que tu penses à moi ».

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poeme amour

#6 游子吟, 孟郊 – « La balade du voyageur » de Meng Jiao

游子吟

慈母手中线

游子身上衣。

临行密密缝,

意恐迟迟归。

谁言寸草心,

报得三春晖。

Yóuzǐ yín

címǔ shǒuzhōng xiàn

yóuzǐ shēnshàng yī.

lín xíng mì mì fèng,

yì kǒng chí chí guī.

shuí yán cùn cǎo xīn,

bào dé sān chūnhuī

Traduction de Brigitte Duzan :

Fil en main, la mère au grand cœur,

Coud de quoi vêtir son fils voyageur.

Points de plus en plus serrés, imminent est le départ,

Crainte d’attendre longtemps avant de le revoir.

Comment le cœur d’un minuscule brin d’herbe

Pourra-t-il payer sa dette envers le soleil du printemps ?

Analyse :

« La balade du voyageur » est un des plus beaux poèmes chinois sur l’amour d’une mère pour son enfant.

Dans ce texte, une mère coud les vêtements de son fils en espérant qu’il revienne sain et sauf de son voyage.

Les derniers vers traduisent le souci du fils à témoigner sa gratitude envers sa mère, dont l’amour est pareil à la chaleur du printemps.

#7 水调歌头, 苏轼 – « Prélude à la mélodie de l’eau » de Su Shi

Il s’agit d’un poème chanté du type ci de la dynastie Song.

Le texte fut écrit par Su Dongpo (aussi appelé Su Shi) et dédié à son frère.

Voici les derniers vers du poème :

水调歌头

 

人有悲欢离合,

月有阴晴圆缺,

此事古难全。

但愿人长久,

千里共婵娟。

Shuǐ diào gē tóu

 

Rén yǒu bēihuānlíhé,

yuè yǒu yīn qíng yuán quē,

cǐ shì gǔ nán quán.

Dàn yuàn rén chángjiǔ,

qiānlǐ gòng chánjuān.

Traduction littérale :

Les hommes connaissent des peines et des joies, des séparations et des retrouvailles;

La lune est brillante ou faible, pleine ou croissante.

Il n’y a rien de parfait depuis les temps anciens.

Je souhaite à tous une longue vie,

Même si des milliers de kilomètres nous séparent, nous partagerons la beauté de la lune.

Analyse :

Le soir de la fête de la Lune, Su Shi songe à son frère. Cela fait 5 ans qu’il ne l’a plus revu et il lui manque.

Dans les deux premières lignes, le poète compare les hauts et les bas de la vie aux différentes phases de la lune.

Malgré sa mélancolie, Su Shi reste optimiste. Il invite le lecteur à profiter de chaque instant de la vie. Voici sa conclusion : tant que nous sommes heureux et en bonne santé, nous pouvons admirer la même lune.

Aujourd’hui encore, ce poème chinois est souvent lu à l’occasion de la fête de la mi-automne.

Comment étudier la poésie chinoise ?

Comment étudier la poésie chinoise ?

Voici quelques conseils pour apprendre ces poèmes chinois :

  1. Choisissez un poème classique assez court pour commencer.
  2. Traduisez chaque caractère pour comprendre le sens global du poème.
  3. Réciter le texte : un poème est fait pour être lu à voix haute ! Cela vous aidera à développer votre sensibilité aux sonorités de la langue chinoise.
  4. Aller plus loin en faisant des recherches sur le poète et en essayant d’interpréter le message de l’auteur.

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