Le Guzheng, également connu sous le nom de cithare chinoise, est un instrument de musique à cordes traditionnel chinois dont l’origine remonte à plus de 2 500 ans.
Il fait partie de la famille des cithares, un instrument à cordes pincées qui comprend plusieurs types différents : cithare sur table (comme le Guzheng), à tubes, sur bâton, etc.
Il fut introduit dans d’autres pays avoisinants et évolua en de nombreux instruments asiatiques comme le koto japonais, le gayageum coréen ou encore le đàn tranh vietnamien.
Vous souhaitez en savoir plus sur le Guzheng, ou peut-être apprendre à en jouer ?
Si comme moi, vous êtes tombé en amour ou que vous êtes tout simplement curieux(se), alors ce petit guide va beaucoup vous intéresser 😉
C’est parti !
Sommaire
Tout savoir sur le Guzheng, la cithare chinoise
Le Guzheng est l’un des instruments traditionnels chinois parmi les plus connus.
Cet instrument à cordes pincées nécessite une excellente technique pour être joué, et donc un apprentissage de plusieurs (dizaines) d’années.
Il est monté généralement de 21 cordes en soie, acier ou nylon, bien qu’il puisse en comporter 26 dans certaines variantes, et 16 ou 17 dans les versions plus anciennes.
Les cordes sont disposées sur une surface en bois longue, étroite et courbée pour permettre des glissandos et des variations de note.
Le son du Guzheng est doux et mélodique.
On en joue pour accompagner des chants ou raconter des histoires.
Il peut également être utilisé pour interpréter des pièces instrumentales complexes et virtuoses, par exemple lors de représentations d’opéra chinois ou pour créer les bandes sons originales de dramas chinois.
Comment jouer du Guzheng ?
Le jeu du Guzheng implique l’utilisation des deux mains :
- La main droite est responsable du pincement des cordes à l’aide de plectres (médiators) spéciaux,
- La main gauche est utilisée pour moduler les différentes notes en appuyant sur les cordes à des endroits spécifiques.
La main droite doit conserver une forme arrondie, dos de la main vers le ciel, avec le bout des doigts serrés, mais les doigts en eux-mêmes espacés (on doit pouvoir glisser une feuille de papier entre chaque doigt).
Le bout du pouce doit rester en flexion constante et former une « bouche de tigre » (虎口, Hǔkǒu) avec l’index. Le poignet, lui, doit être aligné avec la main, le bras et le coude.
On veillera à ce que ce dernier reste tourné vers l’extérieur, avec une épaule relaxée et un dos droit.
Une bonne position générale est d’ailleurs très importante : on doit se placer face à la tête du Guzheng et ne pas être assis trop bas ni trop haut, afin que notre bras puisse être parallèle au corps de l’instrument.
On utilise ensuite le bout des doigts pour pincer les cordes.
La subtilité, c’est d’insuffler de la force uniquement dans ces bouts, et non pas dans la main ou le bras. Le poignet, quant à lui, ne se courbe jamais : c’est le buste qui se penche et le bras qui se déplace le long du Guzheng pour jouer.
La principale difficulté des premiers mois d’apprentissage est de contrôler cette position de la main, des doigts et du poignet.
Quel est le matériel requis pour apprendre le Guzheng ?
En dehors de l’instrument en lui-même, il est nécessaire de posséder :
- des tréteaux pour poser le Guzheng, ou à défaut une table pour s’exercer
- une étoffe de protection contre la poussière et un sac de transport
- des plectres (médiators) qui se placent sur la partie charnue du bout des doigts
- un rouleau adhésif spécial ou des élastiques pour maintenir les plectres en place
Les plectres traditionnels, aussi réputés pour produire un meilleur son, étaient conçus en écailles de tortue et sont désormais interdits à la fabrication.
Pour jouer des musiques classiques, on pose les plectres sur les trois doigts de la main droite ; pour les mélodies plus modernes, et plus compliquées, on peut poser les plectres sur les quatre doigts des deux mains. Le plectre du pouce est incurvé.
L’instrument en lui-même peut être acheté auprès d’artisans renommés, et les prix peuvent aller de 200€ pour un Guzheng d’entrainement (plus petit que les modèles classiques qui mesurent un peu plus d’1m60) jusqu’à 5000€ ou plus pour les pièces les plus prisées.
Vous pouvez également investir dans un outil pour accorder votre Guzheng, un porte-partition ou un beau Qipao pour vos représentations 😉
Faut-il savoir jouer du solfège pour pratiquer le Guzheng ?
Si le solfège peut faciliter la compréhension de la théorie musicale, des notes et des rythmes, il n’est en soit pas nécessaire pour pratiquer le Guzheng.
En effet, celui-ci possède son propre système de notation.
D’ailleurs, contrairement au système occidental, on n’utilise que cinq notes de base (qui seront ensuite modifiées avec les variations de la main gauche) :
- Do
- Ré
- Mi
- Sol
- La
La note la plus haute est située en bas du Guzheng, sur la partie qui est la plus proche de notre ventre une fois installé face à l’instrument.
Lorsqu’on parle du haut du Guzheng, il s’agit donc en fait de la partie la plus basse visuellement parlant.
Quelles sont les mélodies classiques du Guzheng ?
- « Lui Yang River », 大围山, Le fleuve Liu Yang : C’est l’une des mélodies les plus célèbres du Guzheng qui raconte l’histoire d’une jeune fille qui attend son bien-aimé sur les rives du fleuve Liu Yang.
- « Fisherman’s Song at Dusk« , 渔舟唱晚, Chanson du pêcheur au crépuscule : Cette mélodie capture l’atmosphère paisible et sereine d’un pêcheur rentrant chez lui après une journée de travail.
- « High Mountain and Flowing Water« , 高山流水, Haute montagne et eau vive : Cette pièce représente l’amitié entre deux célèbres musiciens chinois de l’antiquité, Bo Ya et Zhong Ziqi.
- « Moonlit Night on the Spring River« , 春江花月夜, Nuit au clair de lune sur la rivière printannière : Cette mélodie évoque une nuit de printemps calme et sereine, avec la lune se reflétant dans l’eau d’une rivière.
- « The White Snow in Early Spring« , 阳春白雪, La neige blanche au début du printemps : Cette mélodie décrit le paysage hivernal d’une journée enneigée au début du printemps, avec des flocons de neige tombant doucement.
- « Autumn Moon Over the Still Lake« , 平湖秋月, Lune d’automne sur le lac : Cette mélodie capture l’ambiance mélancolique et paisible d’une nuit d’automne, avec la lune se reflétant dans un lac calme.
Ces mélodies classiques du Guzheng sont souvent jouées lors de concerts ou de performances pour mettre en valeur la sonorité unique de cet instrument.
Elles sont empreintes d’une grande profondeur émotionnelle et sont appréciées pour leur beauté et leur expressivité.
L’importance du Qi
Le Qi, qui peut être traduit par « souffle vital », est un concept central dans la musique traditionnelle chinoise.
Cette énergie doit être canalisée à l’intérieur du corps et retranscrite par les doigts jusque dans les sonorités de la musique. Ce n’est pas seulement avec notre cerveau et nos muscles que nous jouons, mais avec notre énergie interne.
Pour les musiciens chinois traditionnels, le développement du Qi est une pratique essentielle afin d’atteindre la plus haute maîtrise de leur art.
À lire aussi pour en apprendre plus : Ce que la médecine traditionnelle chinoise nous révèle sur l’énergie Qi (气)
Le vocabulaire chinois du Guzheng
Le Guzheng possède son propre vocabulaire spécifique en chinois, avec des termes qui décrivent les différentes parties de l’instrument et les techniques de jeu.
Il est important de comprendre ce vocabulaire pour jouer de cet instrument de manière authentique.
Guzheng (古筝) : 古 Gǔ signifie ancien et 筝 Zhēng veut dire cithare.
Le deuxième caractère est composé du radical 竹 (zhú) qui signifie bambou, et du caractère composé 争 qui signifie controverse.
On pourrait traduire cela par « un ancien instrument en bambou utilisé pour exprimer des émotions fortes ».
Certains experts s’accordent aussi pour expliquer que le choix du caractère 筝 pourrait simplement venir d’une transcription du son du Guzheng (zhēng zhēng).
D’autres mots chinois en rapport avec le Guzheng :
- 弹 (tán) : jouer d’un instrument à cordes
- 难弹 (nán tán) : difficile à jouer (pour un instrument à cordes)
- 弦 (xián) : cordes
- 架子 (jiàzi) : tréteaux de support
- 拨子 (bō zi) : plectre
- 龙头 (lóngtóu) : tête de dragon, désigne la tête du Guzheng (à droite)
- 风尾 (fèng wěi) : queue de phénix, désigne la queue du Guzheng (à gauche)
- 岳山 (yuèshān) : les hautes montagnes, la partie surélevée où sont accrochés les bouts des cordes
- 马 (mǎ) : les supports pyramidaux qui soutiennent les cordes et permettent d’ajuster le son
Les quatre doigts utilisés pour joueur du Guzheng sont appelés :
- 托 (Tuo) : pouce
- 抹 (Mo) : index
- 勾 (Gou) : majeur
- 打 (Da) : annulaire
La première technique de doigté que l’on apprend est celle du 大撮 (dà cuō) : on utilise le pouce et le majeur.
Les autres instruments à cordes chinois
Les instruments à corde chinois sont souvent appréciés pour créer des mélodies douces et expressives.
À la fois reflet et instigateurs de la beauté culturelle chinoise, ces instruments sont aussi variés que la palette d’émotions qu’ils retranscrivent.
Alors, quels sont les instruments de musique traditionnelle à cordes les plus populaires ?
Erhu 二胡
Le erhu (ou ehru) est un instrument de musique chinois à cordes frottées.
Il est également appelé « violon chinois » en raison de sa ressemblance avec le violon occidental.
Il possède deux cordes, généralement en soie, qui sont frottées avec un archet.
Le son produit par l’instrument est caractérisé par sa douceur et sa capacité à exprimer des émotions profondes. Les musiciens peuvent utiliser des techniques telles que le glissando, le trémolo et le pizzicato pour ajouter de la variété à leur jeu.
Cet instrument est souvent utilisé dans la musique traditionnelle chinoise, mais on le retrouve dans d’autres genres musicaux tels que la musique pop et le jazz.
Pipa 琵琶
Le Pipa est un instrument traditionnel chinois à corde pincée de plus de 2000 ans.
Il est décrit par les Occidentaux comme une sorte de luth, bien qu’il ait des caractéristiques distinctes propres.
Son corps est en forme de poire, avec une table d’harmonie en bois de paulownia et une caisse de résonance en ronce.
Il possède habituellement 4 cordes en boyau ou en acier, accordées en sol, ré, la et mi, bien que certaines variantes puissent avoir cinq cordes. Les cordes sont pincées avec des onglets en plastique fixés aux doigts du musicien.
Cet instrument est réputé pour sa sonorité virtuose et expressive. Son répertoire comprend des œuvres traditionnelles, des compositions classiques et des adaptations contemporaines.
Guqin 古琴
Le Guqin ressemble au Guzheng, si ce n’est qu’il est plus petit et qu’il comprend moins de cordes.
Le son qu’il produit peut à la fois être considéré comme plus simple, plus modeste, mais aussi plus profond, puisque tout le défi consiste à exprimer autant d’émotions avec une palette de cordes restreintes : ainsi, chaque pincement de corde reflète une grande signification.
Quelle est la différence entre le Guzheng et le Guqin ?
Le Guqin et le Guzheng sont deux instruments de musique traditionnels chinois, mais ils sont assez différents l’un de l’autre en termes de forme, de technique de jeu et de sonorité.
Le Guqin est un instrument à cordes pincées, de forme longue et mince, et ressemble à une petite table avec des cordes tendues par-dessus. Il est souvent fabriqué en bois de paulownia.
Le Guqin possède généralement 7 cordes en soie, en nylon ou en acier, bien que certains modèles possèdent 16 cordes.
Le Guqin est considéré comme un instrument de musique très noble dont l’usage est associé à la poésie et à la philosophie chinoise. Le son est doux, délicat et mélancolique. On le compare volontiers à celui d’une harpe.
Le Guzheng, en revanche, est un instrument à cordes pincées et frappées.
Il est de forme plus large, peut être fabriqué en bois de paulownia ou de cèdre et comporte davantage de cordes.
C’est un instrument très polyvalent, capable de produire une grande variété de sons, allant de notes douces et délicates à des notes plus fortes et résonnantes.
Il peut faire penser au piano par sa façon de jouer, une main s’occupant de la mélodie principale et l’autre des nuances.
On dit que le Guzheng peut reproduire certains sons du Guqin, mais que le contraire est impossible.
Voir aussi :
Le Guzheng comme transmetteur de la tradition chinoise
Les instruments traditionnels chinois, tels que le Guzheng, continuent de jouer un rôle important dans la musique chinoise moderne.
Bien que de nouveaux instruments et styles musicaux aient émergé, la musique traditionnelle chinoise reste une part essentielle de l’identité culturelle de la Chine.
Le Guzheng a toujours reçu les faveurs de nombreux amoureux de la musique, d’hier comme d’aujourd’hui.
L’apprentissage de cet instrument se transmet souvent de génération en génération, mais les professeurs sont désormais plus accessibles, même à l’international, et participent ainsi à la promotion de cet instrument.
Comme pour de nombreux autres instruments de musique, le Guzheng demande un investissement considérable et un nombre d’heures de pratique élevé pour le maîtriser.
Mais le jeu en vaut certainement la chandelle si, comme moi, vous êtes tombé sous le charme de cet instrument 😉
Et si vous aimez la musique chinoise, découvrez notre sélection de morceaux à écouter absolument !
Bonjour Laurène,
merci pour cet article. Moi aussi, je joue du guzheng depuis une dizaine d’années et j’ai dû trouver toute seule les tutos et les transcriptions de musique (en anglais !) sur l’internet. J’apprécie beaucoup les différents aspects de ton article, notamment le petit glossaire chinois et les liens qui permettent à tes lecteurs de suivre leur curiosité en allant plus loin.
J’imagine que tu apprends le chinois et que tu t’intéresses à la culture classique chinoise.
Si tu as envie de communiquer avec moi, ce serait avec plaisir.
Sinon, bonne continuation dans ta découverte du guzheng !
(Merci de ne pas publier ou transmettre mes coordonnées.)
Très intéressant.
Ce serait bien d’avoir le pinyin des titres de chansons, et si tu en trouves, des photos des autres instruments à corde.
Mais l’article est déjà très bien comme ça !
Bonjour Laurène
un superbe article très bien écrit et illustré remarquablement. Je le transmets à un ami musicologue en France faisant beaucoup de conférences et expert en clavecin et orgue.
Bravo et merci pour ce moment de finesse et intelligence.