L’impératrice Cixi est l’une des figures historiques les plus célèbres de la Chine.

Son règne secret au XIXe siècle a marqué durablement l’empire du Milieu.

Cruelle, despotique, sanguinaire… Voilà l’image que nous renvoient les livres d’histoire sur l’impératrice douairière.

Mais était-elle réellement prête à tout pour gouverner ?

Aujourd’hui, les travaux des historiens tentent de la réhabiliter. La dirigeante chinoise aurait lancé la démarche de modernisation de la Chine, à commencer par l’abolition de la torture, l’industrialisation et l’ouverture au monde occidental.

Découvrez dans cette leçon, l’incroyable destin de l’une des dernières impératrices chinoises !

La concubine impériale

16 ans imperatrice cixi

Nous savons peu de choses sur la vie de Cixi avant son entrée dans la Cité interdite.

Cixi, ou Tseu Hi, est née le 29 novembre 1835. Elle faisait partie d’une famille noble mandchoue, l’ethnie au pouvoir durant la dynastie Qing.

Sa famille était probablement composée de fonctionnaires d’État. Son père s’appelait Kuei Hsiang, du clan Yehenara, mais le nom de sa mère reste inconnu.

À 16 ans, elle est choisie pour devenir l’une des concubines de l’empereur Xianfeng. 

Au palais, elle est une épouse de rang inférieur. Toutefois, son statut évolue rapidement lorsqu’elle donne naissance au premier fils survivant de l’empereur.

Elle prend le nom de concubine Yi et devient l’épouse n°2 après l’impératrice Zhen, avec qui elle a l’intelligence de sympathiser.

Mort de l’empereur Xianfeng et coup d’État

Le XIXe siècle est une période très agitée de la dynastie Qing.

À cette époque, le jeune empereur Xianfeng (咸丰) fait face à de nombreux problèmes.

En 1850, une famine générale provoque la révolte de Taiping (太平), un soulèvement paysan des régions du sud. Six ans plus tard, la deuxième guerre de l’opium contre la France et la Grande-Bretagne éclate et met à rude épreuve le pays.

Guerre de l'opium en Chine

Face à ces troubles politiques, l’empereur Xianfeng meurt prématurément en 1861.

Le fils de Cixi, âgé de cinq ans, devient l’héritier impérial. Il est baptisé l’empereur Tongzhi (同治), qui signifie « ordre et prospérité ».

Malgré sa position de deuxième impératrice douairière, Cixi n’a aucun véritable pouvoir.

Avec l’aide de l’impératrice Zhen, elle décide alors de se débarrasser des régents en les accusant d’avoir falsifié le testament de l’empereur.

Cixi, veuve d’à peine 25 ans, signe sa première victoire en renversant le gouvernement.

Pour marquer les événements, les deux impératrices changent de nom. Zhen devient 慈安 (cíān, « aimable et sereine ») et Yi prend le nom de 慈禧 (cíxǐ, « aimable et joyeuse »).

La carrière politique de l’impératrice douairière est lancée…

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L’impératrice douairière : maîtresse de la Chine

Alors que Tongzhi est encore trop jeune pour régner, sa mère prend les choses en main.

Dans une sphère réservée aux hommes, elle parvient malgré tout à imposer son autorité.

Fin stratège, elle veille à ne froisser personne tout en ayant toujours le dernier mot.

C’est elle qui chuchote à l’oreille des leaders les décisions à prendre pour le pays. C’est elle qui mène la danse.

L’impératrice préside les conseils d’État derrière un paravent, car les ministres ne sont pas autorisés à la voir. L’accès de la Cité interdite réservée à l’empereur lui est proscrit.

Cependant, elle s’en remet à des hommes loyaux, comme le prince Gong, pour exécuter ses décisions.

Le destin de la Chine sera aux mains de l’impératrice Cixi pour au moins plusieurs décennies.

Entre modernité et traditions

L’impératrice Cixi est un personnage historique complexe et contradictoire.

Elle appartenait à la fois au clan des réformateurs et à la ligne conservatrice.

Au début de sa régence, elle a favorisé l’ouverture de la Chine au commerce extérieur et a contribué à la modernisation de son pays. Cependant, son opposition à la réforme politique de 1898 a entravé l’évolution de la société chinoise.

Sous son administration, elle réforme l’armée, développe les forces navales, fait construire des chemins de fer et fait installer le télégraphe dans tout le pays.

construction chemin de fer

Elle investit de l’argent dans la modernisation des infrastructures et dans l’éducation. Des universités sont ouvertes, des bourses d’études pour étudier à l’étranger sont créées et les femmes sont encouragées à aller à l’école.

Cixi prônait l’occidentalisation, mais pas complètement.

Alors que le prince Gong encourageait le développement des relations diplomatiques, Cixi se montrait beaucoup plus récente.

Peut-être craignait-elle l’opposition du peuple chinois fermé aux influences étrangères.

Par ailleurs, la construction du réseau ferroviaire a pris presque 20 ans de retard, car Cixi ne voulait pas déplacer les tombes ancestrales qui se trouvaient à proximité.

Elle était également contre la construction d’usines textiles, par crainte de voir les femmes privées de leur gagne-pain.

Les contradictions de l’impératrice douairière sont nombreuses, mais on ne peut pas nier ses contributions à la Chine.

En 1889, le revenu annuel du pays a doublé.

La régence de Cixi sous le règne de l’empereur Guangxu

Un an après son accession au trône, l’empereur Tongzhi contracte la variole. Il meurt en 1875, laissant le pays sans héritier.

Selon certaines rumeurs, Cixi aurait empoisonné son propre fils afin de conserver le pouvoir, mais il n’existe à ce jour aucune preuve de meurtre.

Toujours est-il que le pays se retrouve sans héritier.

La coutume veut que celui-ci soit issu de la génération suivante. Cixi brise la règle en installant son neveu sur le trône.

L’empereur Guangxu n’a alors que 4 ans, ce qui laisse l’impératrice douairière du temps pour mener à bien ses plans.

Cixi et Ci’an vont continuer à jouer le rôle de régentes, jusqu’à la mort de cette dernière en 1881.

Par la suite, Cixi gouvernera seule en tant que régente.

Elle se lance dans une deuxième vague de modernisation avec l’introduction de l’électricité et l’exploitation du charbon.

La réforme des Cent Jours

Empereur Guangxu

En 1889, l’impératrice cède officiellement ses pouvoirs à l’empereur Guangxu.

Sous l’influence de ses deux conseillers impériaux, Kang Youwei et Liang Qichao, l’empereur lance une réforme en 1898 dans le but de moderniser l’armée et le système politique chinois.

Ce mouvement, appelé plus tard la réforme des Cent Jours, ne plaît pas aux opposants conservateurs représentés par l’impératrice Cixi. Kang Youwei persuade l’empereur de fomenter un complot pour l’assassiner.

Celle-ci prend rapidement connaissance de leur projet et déjoue leur plan.

Kang Youwei s’enfuit au Japon et l’empereur Guangxu, assigné à résidence, est écarté du pouvoir.

Cixi a le champ libre.

La révolte des Boxers

Les dernières années de la carrière politique de Cixi ne furent pas moins dramatiques.

D’après les historiens, sa pire erreur fut de soutenir la révolte des Boxers (1899-1901).

Ce mouvement est né du mécontentement des Chinois face aux exigences abusives des puissances étrangères. Il avait pour objectif de purger la Chine de la présence des étrangers et des chrétiens.

Après réflexions, Cixi se rallie à la cause des Boxers.

En réaction, les puissances occidentales envoient des forces militaires mater la révolte.

Le bilan humain est lourd : près de 19 000 civils, 2 500 soldats étrangers et environ 20 000 Boxers et soldats Qing y perdent la vie.

Fin de vie de l’impératrice Cixi

La revolte des boxer

À la suite de cet échec cuisant, la réputation de l’impératrice Cixi se ternit.

Elle tente alors de redorer son image par la diplomatie et la flatterie.

Elle n’hésite pas à inviter les épouses des diplomates britanniques à prendre le thé et à leur couvrir de cadeaux.

Sa tactique fonctionne : la presse internationale l’estime comme une femme progressiste et ouverte aux échanges.

En janvier 1902, Cixi entame une série de réformes qui va ébranler la société chinoise, comme :

  • l’abolition de la pratique des pieds bandés, de la torture et de l’esclavage;
  • la légalisation des mariages entre Han et Mandchou;
  • le développement de la liberté de la presse;

En 1906, Cixi, très admirative de la reine Victoria, annonce la transformation radicale de la Chine en une monarchie constitutionnelle.

Malheureusement, Cixi ne verra jamais son projet aboutir.

L’impératrice meurt le 15 novembre 1908, un jour seulement après l’empereur Guangxu.

De quoi ce dernier est-il mort ? Cela reste un mystère.

On a toutefois retrouvé d’importantes traces d’arsenic dans son organisme.

D’après certains historiens, Cixi, se sachant partir, l’aurait empoisonné pour éviter qu’il ne mette à mal ses projets.

Avant sa mort, Cixi a le temps de désigner son petit-neveu de 2 ans, Puyi, comme héritier impérial.

Toutefois, son règne ne sera pas long. En 1911, l’empire s’effondre et Pu Yi abdique l’année suivante. Place à la République de Chine !

Cixi : despote sanguinaire ou héroïne moderne ?

Imperatrice Cixi

Pendant des décennies, l’impératrice douairière Cixi a été décrite comme un tyran sournois et cruel.

Cette vision est en partie due aux discours de ses successeurs, désireux d’être perçus comme les sauveurs d’un pays en ruine.

Dans les années 50, les livres d’histoire américains la dépeignaient comme une femme cruelle et opposée aux réformes inspirées par l’Occident.

Elle aurait été une despote prête à empoisonner toute sa famille pour garder le pouvoir.

Il faudra attendre un siècle après la mort de Cixi pour avoir une nouvelle perspective sur ce personnage complexe.

Dans sa biographie Empress Dowager Cixi, Jung Chang, nous fait découvrir l’histoire d’une régente brillante qui a réussi à propulser la Chine vers la modernité.

Un peu de vocabulaire chinois

Pour terminer cette petite leçon d’histoire en beauté, voici quelques mots de vocabulaire en lien avec l’impératrice Cixi.

De quoi réviser ton mandarin en contexte !

Français Chinois Pinyin
Impératrice 皇后 huáng hòu
Impératrice douairière 太后 tài hòu
Empereur 皇帝 huáng dì
Dynastie Qing 清朝 qīng cháo
Histoire  历史 lì shǐ
Biographie 传记 zhuàn jì

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