Les cheveux longs en Chine ancienne ont toujours joué un rôle plus important que celui de simple attribut physique.
Ils revêtaient une signification profonde et symbolique, tant pour les femmes que pour les hommes. Élément esthétique mais aussi porteurs de valeurs culturelles, spirituelles et sociales …
Les cheveux longs et les coiffures associées étaient les témoins de la pensée chinoise confucianiste !
La façon de les porter traduit les changements géopolitiques à travers le passage des différentes dynasties, et ils furent tour à tour symbole de noblesse, de soumission et de punition.
Dans cet article, vous allez découvrir pourquoi les Chinois avaient autrefois les cheveux longs ainsi que la symbolique des cheveux longs dans la Chine antique.
C’est parti !
Sommaire
- Pourquoi ce refus de se couper les cheveux dans la Chine ancienne
- Les cheveux longs, symboles et conducteurs de la spiritualité chinoise
- Les punitions de la dynastie Zhou (1046 – 256 av. J.C.)
- Le couvre-chef Wangjin de la dynastie Ming (1368 – 1644)
- Les tresses des Mandchous durant la dynastie Qing (1644 – 1911)
- La révolution Xinhai (1911) et l’apparition des cheveux courts
- Pourquoi ce seigneur de guerre chinois coupa ses propres cheveux
- Découvrir les traditions chinoises avec Chinois Tips
Pourquoi ce refus de se couper les cheveux dans la Chine ancienne
Cette tradition chinoise prend en fait racine dans la profonde pensée chinoise, et plus précisément au sein du confucianisme.
Dans le “Classique de la piété filiale”, Zengzi, disciple de Confucius, déclarait :
“Tout notre corps, jusqu’au plus mince épiderme et aux cheveux, nous vient de nos parents ; se faire une conscience de le respecter et de le conserver, est le commencement de la Piété Filiale.”
Cependant, garder les cheveux longs ne suffisait pas.
Les hommes chinois devaient attacher leurs cheveux en chignon plutôt que de les laisser lâches, sans quoi le manque d’une coiffure sophistiquée était considéré comme grossier et inapproprié.
Les femmes chinoises, elles, pouvaient porter des coiffures moins contraignantes et laisser une partie des cheveux libres.
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Les cheveux longs, symboles et conducteurs de la spiritualité chinoise
Dans la médecine traditionnelle chinoise, les cheveux étaient aussi liés au souffle vital, connu sous le nom de « qi ».
Les cheveux étaient considérés comme des canaux par lesquels l’énergie circulait.
Par conséquent, se couper les cheveux était considéré comme une altération volontaire et insensée de son souffle vital, ainsi qu’un geste contraire à la filiation et un grand affront envers ses ancêtres.
👉Voir aussi : Ce que la médecine traditionnelle chinoise nous révèle sur l’énergie Qi (气)
Les punitions de la dynastie Zhou (1046 – 256 av. J.C.)
Se couper les cheveux était vu comme une telle humiliation que, dans les temps anciens, en Chine, il existait une punition spéciale appelée Kun (髡刑, kūn xíng).
Originaire de la dynastie Zhou, elle faisait partie des cinq anciennes punitions chinoises et consistait à raser tout ou une partie des cheveux d’une personne ayant commis un crime.
Généralement des voleurs, des femmes de joie ou des femmes ayant trahi les valeurs familiales chinoises.
Cette punition pouvait prendre plusieurs formes :
- rasage total des cheveux et de la barbe
- rasage d’un seul côté des cheveux (aussi appelé “tête Yin Yang”), de la barbe et parfois même des sourcils
- coupe courte des cheveux
Les hommes chinois “normaux” laissaient pousser leurs cheveux et leur barbe.
Ainsi, en privant les condamnés de leurs cheveux, on les plaçait dans un état “anormal”, en marge de la société, honteux et impossible à cacher.
C’était une marque physique qui ne pouvait disparaître avant un très long nombre d’années et dont le coupable devait porter le fardeau. Les séquelles psychologiques et sociales (rejet de la société) étaient très fortes.
Le couvre-chef Wangjin de la dynastie Ming (1368 – 1644)
Durant la dynastie Ming, les hommes chinois Han adoptèrent le port d’un couvre-chef appelé vengeant (网巾, wǎngjīn).
Le wangjin est devenu très populaire pendant la dynastie Ming, car il était utile pour maintenir en place les (trop) longs cheveux.
D’après la légende, c’est l’empereur Hongwu qui repéra le premier wangjin sur la tête d’un moine taoïste.
Il s’enquit auprès de lui de l’utilité de ce couvre-chef et ordonna aussitôt à l’ensemble de son peuple de le porter quotidiennement comme un signe d’unicité.
Le wangjin s’est ensuite répandu en Corée et au Vietnam.
Les tresses des Mandchous durant la dynastie Qing (1644 – 1911)
Puis sont arrivés les Mandchous au 17e siècle, originellement connus sous le nom de Jurchens.
Ces nouveaux conquérants imposèrent immédiatement leurs coutumes.
Les Chinois Han devaient désormais porter leurs cheveux longs en tresse et adopter les traditions vestimentaires mandchoues.
Le refus de le faire était considéré comme une trahison et sévèrement puni.
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La révolution Xinhai (1911) et l’apparition des cheveux courts
Lorsque la Révolution Xinhai a éclaté, les Han ainsi que les autres minorités chinoises de l’empire ont renversé la dynastie Qing.
Les Han ont immédiatement coupé les tresses jurchen imposées contre leur gré et ont ainsi marqué ce moment dans l’histoire.
L’acte de rompre leurs tresses jurchen qu’ils avaient dû porter pendant presque trois cents ans est devenu un symbole emblématique de la libération et du progrès.
Les Chinois Han n’ont pas repris la coutume de ne pas couper leurs cheveux, mais ont plutôt opté pour les cheveux courts en raison de leur praticité et de leur commodité.
Les cheveux courts étaient également préférés en raison d’un fort mouvement de modernisation après l’effondrement de la dynastie mandchoue.
👉À lire aussi : La dynastie Han : petit guide historique
Pourquoi ce seigneur de guerre chinois coupa ses propres cheveux
Parmi les différentes histoires et légendes chinoises existe celle de Cao Cao, seigneur de guerre chinois qui coupa ses propres cheveux.
Cette histoire se déroule durant un voyage de Cao Cao (曹操) et de ses soldats. Alors qu’ils passaient près des champs agricoles, le seigneur de guerre ordonna de ne pas les piétiner : homme ou cheval, le responsable serait décapité !
Ses soldats descendirent tous de cheval et longèrent avec précaution les champs de blé. Seul Cao Cao était resté sur son canasson. Soudain, un faisan s’envola précipitamment d’entre les blés et plongea le cheval dans une peur vive.
Dans sa panique, l’animal piétina le champ. Cao Cao devait donc, selon ses propres mots, être puni…
Il demanda conseil au juge militaire : que devait-il faire ? Le juge, suivant les paroles de Cao Cao, exigea la décapitation.
Mais lorsque le seigneur de guerre lui demanda de s’en charger, l’homme hésita : après tout, la loi ne peut être imposée aux vénérables. Alors, pour s’infliger une punition tout aussi douloureuse, Cao Cao sortit son épée, trancha ses cheveux et jeta les mèches au sol.
Ainsi, la punition fut donnée.
Découvrir les traditions chinoises avec Chinois Tips
Si la richesse de l’histoire des cheveux longs en Chine vous a intrigué, laissez-vous également emporter par ce récit poignant sur l’histoire des pieds bandés en Chine, une tradition complexe et controversée.
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À bientôt dans cette aventure culturelle !
Passionnant, merci Laurène.
« les cheveux étaient aussi liés au souffle vital, connu sous le nom de « qi » » : cela rejoint le mythe de Samson. C’est amusant de découvrir ces liens universels entre les cultures.
Très intéressant, comme toujours !