Vous vous intéressez à la Chine et vous aimeriez en savoir plus sur la philosophie chinoise ? C’est un sujet aussi vaste et complexe que passionnant !

Alors, bien sûr, dans un seul article, je ne pourrai pas vous faire un historique exhaustif des 3 sagesses chinoises et de tous les philosophes de la première dynastie jusqu’aux temps modernes.

Je peux néanmoins vous présenter les bases des 3 principales traditions philosophiques en Chine : le confucianisme, le taoïsme et le bouddhisme.

Découvrez ce guide d’initiation sur la philosophie chinoise et les différents courants de pensées qui en découlent.

Bonne lecture !

Brève présentation des 3 sagesses chinoises

La philosophie chinoise rassemble divers courants de pensées issus de 3 traditions : le confucianisme, le taoïsme et le bouddhisme.

On les appelle « les 3 sagesses chinoises » ou encore « les 3 enseignements chinois ».

Il est important de comprendre que, pour les Chinois, ces 3 courants de pensée ne s’opposent pas.

Ils sont complémentaires et présentent divers aspects d’une même réalité :

  • Le confucianisme permet de comprendre le comportement humain et le lien entre les hommes.
  • Le taoïsme enseigne le lien et la symbiose de l’homme avec la nature.
  • Le bouddhisme permet de se connecter à son soi intérieur, de s’éveiller par soi-même.

Un proverbe chinois dit d’ailleurs :

« Le Chinois est confucianiste le jour, taoïste la nuit ; confucianiste en public, taoïste en privé ; confucianiste dans la vie, bouddhiste face à la mort ».

Peut-on parler de philosophie chinoise ?

Il existe certains débats insinuant que la pensée chinoise n’est pas une philosophie, car elle n’est ni dialectique ni rigoureuse, et qu’elle n’est pas basée sur l’argumentation.

Cependant, il n’existe pas de philosophie standard, et bien que différentes de nos propres courants philosophiques, les pensées chinoises peuvent tout de même être considérées comme telles, si on considère la philosophie comme « un discours sur la sagesse ».

La philosophie chinoise est plus souple que la philosophie occidentale.

Les Chinois diront d’ailleurs qu’il ne faut pas rigidifier la pensée, car la vérité elle-même n’est pas figée. Elle fluctue, elle circule. C’est d’ailleurs pour cette raison que les Chinois utilisent en parallèle 3 courants de pensée, au lieu de se cantonner à un seul.

Voyons maintenant ces 3 traditions chinoises plus en détail : du confucianisme jusqu’au bouddhisme, en passant par le taoïsme. Nous verrons également les figures principales de ces courants de pensée.

#1 Le Confucianisme

Confucianisme

Présentation de ce courant de pensée

Ce premier courant de pensée a été fondé par Confucius, dont le nom chinois est 孔子 (Kǒng Zǐ), philosophe chinois de la Période des Printemps et des Automnes (vers 772-476 AEC). Ses disciples ont ensuite continué à développer ce courant de pensée.

En chinois, le confucianisme s’écrit : 儒学 (Rúxué) et signifie littéralement « enseignement des lettrés ».

On peut y voir la clé de l’homme 亻, qui nous donne un indice sur le cœur de ce courant de pensée.

En effet, le Confucianisme se penche sur les comportements humains et sur les liens entre les personnes. Plus précisément, il enseigne les principes pour « être un homme de bien » et vivre en harmonie avec ses semblables.

Les enseignements de Confucius

Confucius ne crée pas un nouveau système de pensée. Il réactualise les Classiques (d’anciens écrits) dans lesquels il puise la sagesse de son enseignement.

Il définit une philosophie morale, dont l’homme occupe la place centrale. Selon lui, l’humain est naturellement bon.

« Je n’invente rien, je transmets. » – Confucius

Selon lui, si l’homme en vient à choisir le mal, c’est dû à l’ignorance de ce qui est juste, en raison d’un manque de code moral et de normes de conduite. Toute personne éduquée à l’action juste et à la bonne compréhension du monde aurait choisi le bien plutôt que le mal.

Il mit alors en place un code d’éthique strict dont les principes sont connus sous le nom des Cinq Constantes et Quatre Vertus :

  • Ren – Bienveillance ;
  • Yi – Droiture/Justice ;
  • Li – Respect des rites ;
  • Zhi – Connaissance ;
  • Xin – Intégrité.

et

  • Xiao – Piété filiale ;
  • Zhong – Loyauté ;
  • Jie – Contingence ;
  • Yi – Droiture.

Selon lui, ces lois permettent un retour à la paix et à l’harmonie sociales.

Si les gens sont capables de se gouverner par eux-mêmes, ils n’auront pas besoin de lois ou de gouvernements oppressifs.

Voici d’ailleurs ce qu’il dit à ce sujet :

« Si les personnes sont conduites par des lois et que l’unité est recherchée par le moyen des sanctions, elles essaieront d’éviter la sanction, mais n’auront aucun sens de la honte. Si elles sont conduites par la vertu et font régner l’union par des règles de la droiture, elles auront le sens de la honte et, de plus, deviendront bonnes. » (Analectes, 2,3; Tamblyn, p. 3)

En résumé, Confucius encourage chacun à pratiquer la vertu afin d’acquérir la capacité de se gouverner soi-même. Tout au long de ses Entretiens, il exhorte l’homme à pratiquer, à s’examiner et à se corriger.

Par la suite, ses enseignements ont évolué grâce aux autres Grands Sages du Confucianisme : Zengzi, Zisi, Mencius et Xun Zi.

Les pratiques historiques et actuelles basées sur le Confucianisme

  • La piété filiale : encore aujourd’hui, les enfants sont très respectueux envers leurs parents et prennent soin d’eux.
  • Le concept de la face (面子) : la culture confucianiste tend à protéger la dignité d’autrui. Chacun a droit au respect, et cela se marque encore aujourd’hui par l’importance de « garder la face » et de permettre aux autres d’en faire de même.
  • L’importance de la hiérarchie : dans la vie en société, les relations hiérarchiques sont particulièrement marquées en Chine, et cela vient de la philosophie confucéenne. Par exemple, lors d’un toast avec une personne supérieure d’un point de vue hiérarchique, on portera notre verre un peu plus bas que le sien.

À lire pour en apprendre plus : Pensée chinoise : Tout savoir sur le Confucianisme et son impact en Asie

#2 Le taoïsme

lao tseu

Présentation du Taoïsme

Le taoïsme est une philosophie chinoise dont le fondateur est Lao Tseu (Laozi en chinois), qui vécut dans les années 500 AEC.

Littéralement, le taoïsme signifie « l’école du Tao ». Le « tao » 道, prononcé  « dào » en mandarin, signifie « la route, la voie ou le chemin ». C’est la force cosmique qui coule dans toutes choses, qui les lie et les libère.

Le dao, c’est la « Mère du monde », le principe qui engendre tout ce qui existe.

Le taoïsme met donc l’accent sur le fait de suivre le mouvement en accord avec le Dao.

Le Dao De Jing

Les enseignements du taoïsme sont compilés dans le Dao de jing (Livre de la voie et de la vertu).

Celui-ci donne des instructions sur la manière de parvenir à la paix et à l’harmonie.

Selon la légende, le Dao De Jing aurait été rédigé par Laozi, qui se serait retiré dans les montagnes dans sa vieillesse, au refuge des immortels.

Au cours de ce périple, il aurait été interrogé au sujet de la sagesse par Yinzi. Laozi lui dicta alors le Dao De Jing, le livre de la sagesse et de la vertu.

La conception de l’univers selon le taoïsme

À l’origine, il y a le chaos qui se constitue de souffle (le qi).

Puis, le ciel et la terre se sont séparés (ce qui représente la naissance du Yin et du Yang). Comme n’importe quelle entité, l’homme est composé de qi léger (du ciel) et de qi lourd (la terre). Le corps humain est considéré comme contenant l’univers dans sa totalité et l’univers est considéré comme un corps immense. Il est donc indispensable d’équilibrer les énergies pour préserver l’harmonie et atteindre l’immortalité.

Pour trouver ce bonheur, il faut donc se conformer aux rythmes et aux lois cosmiques.

Pour cela, il faut s’aligner sur le Dao, c’est-à-dire essayer de vivre en harmonie avec lui, plutôt que de s’y opposer.

C’est pour cela qu’il ne faut pas déranger les lois de l’univers.

Dans le taoïsme, le non-agir (concept chinois du wuwei 无为) constitue la forme d’action la plus efficace. C’est une invitation à nager avec le courant plutôt que contre. Il s’agit de se libérer des contraintes pour faire le vide.

Le taoïsme recherche l’insouciance, la spontanéité et la liberté individuelle. Il refuse les rigueurs et préfère l’état naturel à la civilisation.

👉À lire aussi : Ce que la médecine traditionnelle chinoise nous révèle sur l’énergie Qi (气)

Les pratiques historiques et actuelles basées sur le taoïsme

La médecine traditionnelle chinoise a émergé dans le contexte de la pensée taoïste.

En effet, la MTC vise à maintenir l’harmonie de l’énergie (qi) à l’intérieur du corps. Pour rester en bonne santé, l’homme doit s’adapter à l’univers, car ses caractéristiques se retrouvent en lui : les cycles des saisons, les éléments, le yin et le yang.

Le Taoïsme a également inspiré bon nombre d’arts martiaux, qui visent le développement du Qi.

Deux exemples parlants sont le qigong et le taiqi, deux arts qui utilisent l’énergie comme support. Le fengshui, qui vise à faire circuler le qi librement dans une habitation, est également un art basé sur les principes de la philosophie taoïste.

👉À lire aussi : Qigong du matin : une routine pour un réveil en douceur

#3 Le bouddhisme

budhism

Présentation de ce courant de pensée

Le bouddhisme n’est pas une philosophie originaire de Chine, mais d’Inde.

Elle a été importée dans l’Empire du milieu au premier siècle de notre ère, par le biais de marchands et de missionnaires. À partir du IIIe siècle, le bouddhisme du Mahayana (ou Grand Véhicule) est devenu l’un des trois enseignements de Chine. Dans l’Empire du Milieu, le bouddhisme est considéré comme une pratique religieuse et philosophique.

La naissance du bouddhisme

Le bouddhisme a été fondé par Siddharta Gautama, un prince indien du VIe siècle av. J-C., plus connu sous le nom de Bouddha.

Bouddha signifie « l’éveillé ». L’histoire raconte que le prince Siddharta Gautama, à ses 29 ans, sortit de son palais et fit 4 rencontres décisives : un vieillard, un malade, un cadavre et un ermite. Il se rendit alors compte des souffrances des êtres humains.

Selon la légende, il quitta le palais pour y trouver un remède. Il commença alors une vie d’ascète et entreprit des pratiques méditatives austères.

Après 6 ans, constatant que ce mode de vie ne l’avait pas mené à une meilleure compréhension du monde, il décida de chercher une autre voie.

C’est finalement assis sous un arbre, en pleine méditation que l’ancien prince s’éveilla et trouva l’illumination. Il consacra le reste de sa vie à partager son éveil.

Les principes de base du bouddhisme

Les Bouddhistes pensent que la vie est remplie de souffrances et que pour s’en libérer, il faut atteindre l’illumination.

C’est en se détachant des choses matérielles et en se purifiant l’esprit que l’on peut atteindre le Nirvana. Pour les aider à calmer leur esprit, les bouddhistes pratiquent la méditation.

Une notion importante pour les bouddhistes est « l’impermanence des choses ».

Selon eux, tout est constamment changeant, même l’humain. Un proverbe dit d’ailleurs : « rien n’est constant si ce n’est le changement ».

Le bouddhisme est une voie d’éveil qui passe par l’offrande, la compassion, la communauté et la protection de tout ce qui vit.

Il s’agit d’une quête qui mène à la fin du cycle des réincarnations et au nirvana.

Le Taoïsme et le bouddhisme

Historiquement, si le bouddhisme a pu se faire une place en Chine, c’est en partie grâce au taoïsme.

Pour aider les Chinois à comprendre les concepts de leur tradition, les bouddhistes ont emprunté des notions chinoises du Taoïsme. Ce nouveau vocabulaire a permis d’enseigner plus facilement le bouddhisme en Chine.

Les différences entre le bouddhisme indien et chinois

Une des premières différences est la croyance que Bouddha n’est pas un chef spirituel à suivre, mais un Dieu à prier pour attirer la bonne fortune.

differences budha chinois et indien

Le bouddha chinois est également représenté différemment du bouddha indien.

Ce dernier, ayant atteint l’éveil spirituel après un jeûne, est dépeint très mince. Mais dans le bouddhisme Mahayana, il est représenté avec un large ventre à l’air, un visage souriant, le crâne chauve et des oreilles aux lobes très longs.

Il est appelé « budai » ou « bouddha rieur ».

Son principal but est d’être heureux, et c’est pour cette raison que les Chinois le représentent comme un gros Bouddha rieur. Il représente également la générosité, la fortune et l’abondance.

La légende du goût du vinaigre

Pour résumer ces trois philosophies, je vais vous partager une histoire chinoise : « le goût du vinaigre ».

Lao Tseu, Confucius et Bouddha se voient tous trois goûter du vinaigre.

  • Confucius le trouve amer, comme le monde qu’il trouve corrompu. Selon lui, il faut des règles et des rituels pour conserver l’ordre.
  • Bouddha trouve le vinaigre aigre, à l’image d’un monde plein de souffrance. Pour s’en extirper, il faut atteindre l’éveil.
  • Lao Tseu goûte le vinaigre et sourit. L’amertume et l’aigreur ne viennent que des esprits qui ne sont pas capables d’apprécier la douceur du monde. Comme l’humain vient de la nature, nous devons suivre le chemin de celle-ci qui n’a rien d’aigre ni d’amer.

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