Bien que faisant partie intégrante de la médecine traditionnelle chinoise (MTC), la moxibustion reste encore dans l’ombre de ses pratiques sœurs.
Moins popularisée que la pharmacopée, moins « extravagante » que l’acupuncture, et avec un nom plus énigmatique, elle reste malgré tout une constante fondamentale dans la pratique de la médecine chinoise dont elle vient renforcer les bénéfices.
Alors, qu’est-ce que la moxibustion ?
La moxibustion est une technique de médecine traditionnelle chinoise qui utilise de l’armoise brûlée pour stimuler des points spécifiques sur le corps.
Souvent associée à l’acupuncture, une autre méthode de guérison chinoise, la moxibustion se concentre sur l’application de chaleur plutôt que sur l’insertion d’aiguilles.
L’armoise utilisée dans la moxibustion dégage en effet une chaleur agréable qui pénètre profondément dans les tissus afin favoriser la circulation sanguine et l’énergie vitale.
Vieille de plusieurs milliers d’années et largement utilisée dans le monde entier, on lui prête des vertus de guérison sur diverses affections :
- soulagement de la douleur
- amélioration de la circulation sanguine
- renforcement du système immunitaire
- réduction du stress, de la fatigue et de l’anxiété
- diminution des douleurs articulaires
- rééquilibre des troubles digestifs
- apaisement des troubles menstruels
Bien que la moxibustion soit encore relativement méconnue dans certaines régions du monde, elle gagne en popularité en tant que traitement complémentaire et alternatif.
Avec de plus en plus de recherches soutenant son efficacité, de nombreux patients cherchent à intégrer la moxibustion dans leur routine de soins de santé pour bénéficier de ses nombreux avantages pour la santé.
Découvrons ensemble l’histoire de cette pratique, ses bienfaits, ses procédés et les risques associés.
Sommaire
Origine et histoire de la moxibustion en Chine
La première référence historique à la moxibustion fut retrouvée dans le très ancien ouvrage de médecine chinoise Huangdi Nei Jing (黄帝内经), Classique interne de l’empereur Jaune.
Son usage est daté d’avant l’utilisation des aiguilles de métal (acupuncture), probablement à 30 siècles av. J-C-.
On retrouve des signes de cette pratique dans de nombreuses médecines asiatiques telles que la médecine japonaise, coréenne, mongole ou encore tibétaine.
En Chine et au Japon, dans les cercles bouddhistes, ce qu’on appelait la moxibustion japonaise était la pose d’un cône d’encens sur le haut de la tête des moines et des nonnes lors de leur cérémonie d’initiation.
Le terme « moxa » pourrait d’ailleurs être issu du mot japonais « Mogusa » qui représente une variété d’armoise.
Armoise broyée pour la confection de moxas.
C’est sous la dynastie Ming en Chine (1368 à 1644) que la moxibustion connut son plus grand essor, en parallèle avec l’acupuncture.
Puis, à la fin du XVIIe siècle, la moxibustion fait son apparition en Europe comme remède contre la goutte.
Elle gagne en popularité jusqu’au XIXe siècle où elle est régulièrement indiquée pour soigner les maladies chroniques.
C’est à partir des années 1870 que l’Europe délaisse peu à peu la moxibustion, qui se classe désormais dans la catégorie des « traitements exotiques » de la médecine traditionnelle chinoise.
Depuis 2010, la moxibustion est inscrite sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.
Son histoire remonte à plusieurs milliers d’années en Chine, mais elle est aussi pratiquée au sud-est de l’Asie, en Europe et en Amérique.
Aujourd’hui, la moxibustion est toujours largement pratiquée en Chine, ainsi que dans d’autres pays où l’acupuncture et la moxibustion sont reconnues comme des formes de médecine alternatives efficaces.
Comment la moxibustion fonctionne-t-elle ?
Explication des principes de base
La moxibustion est pratique thérapeutique ancestrale de MTC qui consiste à chauffer des points d’acupuncture à l’aide de feuilles d’armoise, de poudre d’armoise ou de bâtonnets d’armoise que l’on appelle les moxas.
Cette pratique permet de soulager les douleurs en stimulant les méridiens et en régulant le qi afin de déclencher une réaction autorégulatrice au sein de l’organisme.
Peinture tibétaine représentant les points énergétiques pour la moxibustion.
Là où le froid est considéré comme source de blocages en médecine chinoise, la chaleur, au contraire, permet de renforcer l’organisme.
Avant même l’utilisation de l’armoise sous forme de moxa, on utilisait donc d’autres matières chauffées telles que le sable, l’écorce, les pierres, les feuilles etc.
Ce sont les propriétés spécifiques de l’armoise qui l’ont propulsée comme star de la moxibustion.
En effet, cette plante se produit, se conserve et s’embrase facilement jusqu’à 670°C.
Quand pratiquer la moxibustion ?
Les séances de moxibustion sont davantage pratiquées en hiver, afin de renforcer les défenses immunitaires naturelles, et les séances peuvent être accompagnées de pose d’aiguilles d’acupuncture.
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Comment se déroule une séance de moxibustion ?
Généralement, on divise la moxibustion en deux types d’application :
- Directe (on appose le moxa façonné à même la peau)
- Indirecte (on brûle le moxa à quelques millimètres de la peau)
Quant au moxa, on le retrouve également sous diverses formes :
- bâtonnet, cône ou cigare d’armoise
- boulette de papier ou de feuille
- pièce de monnaie
Les cônes de moxa sont allumés à leur sommet et posé sur la peau jusqu’à ce que le patient ressente la sensation de chaleur ; à ce moment, on retire le cône.
Les bâtonnets et cigares sont allumés puis tenus par le praticien au-dessus de la peau du patient jusqu’à, de nouveau, ce qu’il ressente la chaleur.
Les boulettes de papier ou de feuille peuvent être piquées au sommet d’une aiguille d’acupuncture que l’on viendra placer sur un point du corps du patient, pour ainsi coupler les effets de la moxibustion et de l’acupuncture.
Boulettes de moxa piquées sur des aiguilles d’acupuncture.
Enfin, d’autres méthodes alternatives peuvent être utilisées.
Ajout d’une pièce de monnaie sous un cône de moxa, ajout de gingembre, d’ail ou d’aconit, utilisation parallèle d’encens, de massage Tui Na ou de ventouses, etc.
Ajout d’une tablette (d’herbes ?) entre le moxa et la peau.
Durée et fréquence des séances
La durée et la fréquence des séances de moxibustion peuvent différer selon le besoin à traiter, le praticien et le patient (métabolisme, passé médical etc.).
Cependant, on recommande en général d’espacer les séances de 2 semaines.
Les bienfaits de la moxibustion
Son but, à terme, est de rendre notre corps autosuffisant afin qu’il puisse combattre lui-même les maux et les troubles dont il est atteint.
En utilisation ponctuelle, selon la MTC, elle est notamment réputée ses nombreux bienfaits :
- Soulagement de la douleur : La moxibustion est efficace pour soulager les douleurs articulaires, musculaires et nerveuses. Elle stimule la production d’endorphines, des hormones naturelles qui agissent comme des analgésiques.
- Amélioration de la circulation sanguine : La chaleur douce et pénétrante de la moxibustion stimule la circulation sanguine et lymphatique, favorisant ainsi l’oxygénation des tissus et l’élimination des toxines.
- Renforcement du système immunitaire : La moxibustion stimule le système immunitaire en augmentant la production de globules blancs et en renforçant l’activité des cellules immunitaires.
- Réduction du stress et de l’anxiété : La moxibustion a un effet relaxant sur le corps et l’esprit. Elle permet de réduire le stress et l’anxiété en favorisant la production de sérotonine, une hormone qui régule l’humeur.
- Amélioration de la digestion : La moxibustion stimule la fonction digestive en augmentant la sécrétion de sucs gastriques et en améliorant la motilité intestinale. Elle peut être utilisée pour traiter les troubles digestifs tels que la constipation, la diarrhée, les ballonnements, etc.
- Régulation des troubles menstruels : La moxibustion peut être utilisée pour réguler les troubles menstruels tels que les règles douloureuses, les règles irrégulières, les saignements abondants, etc.
- Amélioration de la qualité du sommeil : La moxibustion a un effet relaxant sur le corps et l’esprit, privilégiant ainsi un sommeil réparateur. Elle peut être utilisée pour traiter les troubles du sommeil tels que l’insomnie, les réveils nocturnes, etc.
- Renforcement de l’énergie vitale : La moxibustion stimule la circulation de l’énergie vitale, appelée Qi en médecine traditionnelle chinoise. Elle permet de renforcer l’énergie vitale et de prévenir la fatigue chronique.
On note aussi des bienfaits pour la perte de poids, une grossesse plus aisée (notamment pour aider à retourner le bébé dans le ventre), les bouffées de chaleur, l’hypertension ou encore les maladies passagères comme le rhume.
Précautions à prendre avant une séance de moxibustion
Allumage des cônes de moxas.
Bien sûr, le premier conseil est de ne pas tenter la moxibustion par vous-mêmes.
Consultez un professionnel aguerri qui saura vous guider au cours des séances, adapter le traitement à vos besoins et mettre en place un suivi efficace.
Vérifiez les avis, l’expérience et les diplômes de votre praticien et, durant votre première séance et les suivantes, assurez-vous que toutes les bonnes précautions sont prises.
Contre-indications
Bien que généralement sûre et bénéfique, la moxibustion présente certaines contre-indications.
Elle est déconseillée aux personnes souffrant de troubles cardiaques, de troubles respiratoires, de troubles de la peau, de diabète, de troubles de la coagulation sanguine, de cancer, de fièvre, d’infections aiguës, de faiblesse générale, de grossesse et aux personnes ayant subi une intervention chirurgicale récente.
Risques et effets secondaires potentiels
La moxibustion peut présenter des risques et des effets secondaires potentiels.
Les risques les plus courants sont les brûlures cutanées, les cloques, les rougeurs, les ecchymoses, les douleurs, les nausées, les étourdissements, les maux de tête et les réactions allergiques.
Un bon praticien saura être à votre écoute et vous demander de lui signaler lorsque vous ressentez la moindre gêne, douleur ou brûlure.
Il est important de respecter les règles de sécurité et de suivre les instructions du praticien pour éviter tout risque.
En cas d’effets secondaires, il est recommandé de consulter un professionnel de santé.
Il est également important de noter que la moxibustion ne doit pas être utilisée comme substitut à un traitement médical conventionnel.
Elle doit être utilisée en complément d’un traitement médical adapté et prescrit par un professionnel de santé. On déconseille notamment de baser le traitement d’une pathologie lourde sur la moxibustion uniquement.
Une chaleur conductrice et holistique
La moxibustion est une pratique thérapeutique ancestrale qui a su traverser les âges et les cultures pour s’imposer comme une solution naturelle à de nombreux troubles.
Bien que cette pratique soit encore méconnue en Occident après une période de grâce, elle gagne de nouveau en popularité parmi les passionnés de médecine traditionnelle.
Et la moxibustion n’est jamais totalement isolée dans un parcours de santé.
Située au cœur de la MTC, la moxibustion est une pratique qui s’inscrit dans une approche globale de la santé. Elle prend en compte l’individu dans sa globalité, son environnement, son mode de vie et ses habitudes alimentaires.
Cette approche holistique est une clé essentielle pour comprendre les bienfaits de la moxibustion et pour bénéficier d’un traitement adapté à ses besoins.
Questions fréquentes
Comment se servir d’un moxa ?
Un moxa est brûlé puis posé sur la peau ou tenu juste au-dessus de celle-ci pour activer les points d’énergie.
Comment pratiquer la moxibustion ?
La moxibustion se pratique en brûlant de l’armoise proche ou sur la peau du patient.
Qui pratique la moxibustion ?
Les praticiens ou un médecins en médecine traditionnelle chinoise (MTC).
Que signifie moxibustion ?
La moxibustion est une pratique traditionnelle chinoise qui utilise la chaleur pour renforcer le système immunitaire.
Quelle est la différence entre moxa et moxibustion ?
Le moxa est composé d’armoise compressée et utilisée dans la moxibustion.
Lectures supplémentaires :
Passionnée de la Chine et de sa culture, j’apprends le chinois depuis septembre 2022… et si la cadence des premiers cours a été trop lente pour moi, je compte bien me challenger pour passer atteindre les prochains paliers HSK !
