Coucou les Jiaozi 🥟,

J’espère que vous allez bien.

Aujourd’hui, je reviens pour un thème peu joyeux : La vision de la mort en Chine.

Je me suis dit que ce sujet vous intéresserait peut-être. En fait, de récents événements dans ma vie m’ont fait penser à cette thématique.

Pour vous dire la vérité, j’ai perdu ma marraine il y a de cela 2 mois. Elle avait 47 ans et elle est décédée d’un cancer métastasé.


Panda et moi, allons fêter cette année nos 7 ans de mariage.

Nous avons vécu beaucoup de moments de joie mais il est vrai que plus on avance plus on se rend compte que notre partenaire devient notre pilier pour des moments moins joyeux dans notre vie.

La vision de la mort en Chine

Je ne saurais dire comment ça se passe car je n’ai encore jamais participé à un enterrement en Chine. 


Panda a toujours ses 4 grands-parents et j’espère que nous les aurons encore longtemps.

Mais depuis que nous sommes ensemble, Panda a perdu 2 ses arrière-grands-mères lorsque nous étions en France.

Tai Nainai, la mère de sa grand-mère paternelle en 2022 et Lao Nainai, la mère de son grand-père maternel en 2021.
 J’étais très attachée à Lao Nainai. Cela m’a toujours surprise à quel point elle m’a toujours accepté.

Pourtant, son époque et le fait que nous ne parlions pas la même langue auraient pu créer une distance mais non elle a toujours été d’une extrême gentillesse, toujours à me mettre un Da Bai Tu (un bonbon au lait nommé « Lapin Blanc ») dans la main.

Quand nous avons perdu Lao Nainai, je n’ai pas vu Panda pleurer.

Quelques larmes mais pas plus, il m’avait dit « ma mère m’a dit que c’était ce qu’il y avait de mieux pour elle et qu’il ne fallait pas la pleurer alors je fais confiance à ma mère ».

Ce que je peux vous dire c’est que la « veillée » se fait généralement dans un temple avec la photo du défunt et les personnes qui viennent donner leurs condoléances.

C’est ce que j’ai pu voir lors de mes quelques visites de temple.

Ensuite on fait brûler le fameux « papier-monnaie » :

Ce papier ressemble soit à des lingots d’or (pour représenter l’ancien argent) ou bien à des billets issus par « la banque du Ciel ».

On peut les voir parfois sur des stands en Chine et je vous déconseille de les acheter en « souvenirs » car cela porte malheur. Cela permet au défunt de ne manquer de rien dans l’au-delà.

De nos jours, la modernité s’est invitée dans les papiers monnaies et on peut trouver des papiers en forme de téléphone, de voiture etc…


Mama, par exemple, a rêvé une seule fois de son grand-père (le mari de Lao Nainai). Ce dernier lui demandait une maison et une voiture, alors elle a fait brûler un papier en forme de voiture et de maison.

Pour Lao Nainai, j’ai demandé à Panda s’il était possible d’avoir une paire de chaussures de Lao Nainai en souvenir.

Lao Nainai avait les pieds bandés et c’est pour cela que je voulais avoir ses chaussures.

Panda a demandé à Mama qui a dit qu’en Chine on brûlait toutes les affaires du défunt afin qu’il puisse les avoir avec lui.

Afin de faire nos offrandes à Lao Nainai, j’avais commandé ces billets mortuaires sur Ali Express.

Sur un papier, nous avons marqué son nom et avons bien fait attention aux caractères afin d’éviter de les donner à quelqu’un d’autre et nous nous sommes mis à faire brûler « l’argent » à son intention.

Normalement, en Chine, le corps entier doit être enterré et rien ne doit manquer pour se réincarner.

C’est pour cela que les eunuques de la Cité Interdite faisaient toujours en sorte de récupérer « leurs bijoux de famille » afin de pouvoir se réincarner.

Mais depuis qu’il est interdit de se faire enterrer pour des motifs environnementaux, il est désormais plus commun d’être incinéré.

Mais je n’ai jamais vu ni Panda ni Mama pleurer Lao Nainai depuis son départ.

La vision de la mort en France

Une chose que je peux affirmer, et non pas que nous ayons tort ou raison : en France, il n’y a pas pire que la mort.

La mort, c’est la fin de tout, le néant, la disparition, le vide, la solitude, le désespoir.

Je ne tiens pas à parler de religion en parlant de ça même si je suppose que cela joue beaucoup mais une chose est sûre la mort est pour nous la pire chose au monde.

C’est une chose quand nous perdons nos proches de vieillesse mais ça l’est encore plus quand nous les perdons d’une maladie ou que nous les perdons jeunes.

Je ne peux parler au nom de ceux qui ont perdu des êtres chers d’une maladie mais pour ma marraine ça nous a semblé comme une injustice.

Pourquoi elle ? Pourquoi si jeune ? Pourquoi le poumon alors qu’elle s’était arrêtée de fumer il y a des années pour ne pas partir d’une telle chose ?

Tant de « pourquoi » qui restent sans réponse…Avec une amertume, une colère, une rage…

Et Panda qui me disait « ce n’est pas une question d’âge c’est comme ça, ça sert à rien de chercher une réponse ».

J’entrais dans une telle colère quand il me disait ça. Comment peut-il comprendre lui ? Il n’a vécu que 2 décès dans sa vie et deux personnes qui avaient autour de 100 ans, faciles à dire…

Je ne peux pas lui souhaiter la même chose, mais je me disais qu’il était impossible qu’il comprenne ma souffrance et celle de mes proches.

En fait, je me rends compte que c’est la vision des choses qui est tout simplement différente.

En Chine, peu importe le bouddhisme ou le taoïsme, la mort fait partie de la vie. Sans mort, il n’y a pas de vie.

En Chine, la mort n’est pas la fin, c’est le renouveau.

Une nouvelle incarnation, une énergie qui continue d’être diffusé car il n’y a que nous les Occidentaux pour penser que nous ne faisons pas partie d’un tout et que tout n’est qu’énergie. « Souviens-toi que tu né poussière et que tu redeviendras poussière » quel pessimisme !

Et pourtant ! Si on nous disait, qu’après notre départ, nous continuerions à être le souffle porté par le vent, les embruns qu’offre la mer, la chaleur qu’offre le soleil…peut-être serions-nous plus enclins à accepter de revenir à notre Mère Nature.

J’ai compris que Panda n’était pas maladroit, n’était pas méchant…juste qu’il a une croyance bien moins fataliste que celle que j’ai sur la mort.

Malgré tout, même si la mort fait partie de la vie, on ne la mentionne pas. Tout comme le chiffre 4 est un homophone du mot mort, on ne mentionne pas la mort sous peine d’attirer la malchance.

Je me rends compte que parfois je lui dis « Imagines il m’arrive quelque chose et je meurs » (Ces tournures de phrases que l’on adore).

Panda me demande toujours pourquoi je suis obligée d’avoir des paroles si pessimistes et de mauvais augures.

On pourrait se dire que c’est par superstition, après tout il faut en parler, mais je pense pour ma part qu’en effet les mots sont faits d’énergie et qu’il n’y a aucune raison pour emmener cette mauvaise énergie.

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Les 3 fêtes de la mort en Chine

En Chine, il existe 3 fêtes où la frontière entre le monde des morts et le monde des vivants est la plus fine :

Qingming jie – La toussaint chinoise

La plus connue et la plus célébrée est la fête de 清明节 (Qingming Jie) qui est l’équivalent de notre Toussaint française.

Elle est célébrée chaque année soit le 4 ou le 5 avril.

Tout comme notre Toussaint, les familles se rendent sur les tombes des défunts et vont nettoyer ces dernières et disposer également des offrandes de nourritures mais parfois également d’alcool et de cigarettes qu’appréciait le défunt.

C’est l’occasion pour les Chinois d’honorer leurs ancêtres selon le concept confucianiste de la piété filiale qui, en gros, correspond au respect des aînés et au culte des ancêtres.

Pour en savoir plus sur cette fête chinoise, vous pouvez aller lire cet article-ci.

Zhongyuan Jie – La fête des fantômes

Viens ensuite 中元节 (Zhongyuan Jie) ou la fête des fantômes en Chine.

Célébrée le 15e jour du 7e mois lunaire, elle est l’occasion pour les ancêtres et autres esprits de se voir offrir un grand buffet spécialement organisé pour eux dans les temples bouddhistes. Ce buffet est nommé « Pudu ».

D’ailleurs, si vous allez en Chine pendant cette période, vous verrez des ronds dessinés à la craie sur les trottoirs dans lesquels on fait brûler du papier-monnaie.

Il ne faut surtout pas marcher dedans, c’est pour les esprits !

Xia Yuan Jie – La célébration taoïste pour commémorer les ancêtres

Et la dernière 下元节 (Xia Yuan Jie), que l’on peut traduire comme la fête des lanternes mais pas comme la célébration qui clôture le Nouvel An chinois.

Lors de ce festival, on commémore de nouveau les ancêtres en déposant des lanternes à leur attention sur la rivière.

On fait également des offrandes de fruits, de vin et d’encens afin de leur demander leur protection.

Que pensez-vous de nos différences de vision sur la mort en Chine les Jiaozi ?

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