Comment maintenir le bilinguisme chez un enfant franco-chinois ?

C’est une question que je me suis longtemps posée quand je vivais en Chine dans un environnement 100% chinois.

Eh oui car en plus d’être formateur en langue chinoise, je suis aussi papa de 2 petits garçons franco-chinois.

Et c’est beaucoup de boulot !

Le problème c’est que lorsque mon fils a commencé à formuler ses premières phrases …

C’était seulement du chinois qui sortait de sa bouche.

Alors certes, du très bon chinois ! Mais du chinois uniquement !

Pas de français …

Et la situation s’empirait de jour en jour, du coup je me suis mis à la recherche de solution pour le forcer à parler un peu plus français.

Car il était impensable pour moi que mon fils ne maîtrise pas les 2 langues. En particulier le français dont je me sentais responsable.

Dans cet article je vais te partager mon expérience ainsi que les astuces que j’ai mise en place pour l’aider à maintenir un français et un chinois (presque) parfait.

Note : J’ai eu l’idée d’écrire cet article suite au billet de Krys sur l’utilisation des écrans dans l’apprentissage des langues pour un enfant.

Si tu ne l’avais pas encore lu, je t’invite à y faire un tour 😉

Mise en Contexte

cas mere chinois pere francais

Tout d’abord une petite mise en contexte car chaque famille multiculturelle est différente.

Pour qu’un enfant devienne bilingue, il n’y a pas de secret : Il faut l’exposer un maximum aux 2 langues. Idéalement, autant en français qu’en chinois.

Le problème c’est que c’est rarement le cas pour une famille franco-chinoise.

En effet un enfant qui grandit en Chine par exemple, ne sera pas exposé autant au français qu’un enfant qui grandit en France (et inversement).

Dans cet article, on va couvrir ces 4 situations :

  1. Mère chinoise – Père français – Lieu de résidence : Chine
  2. Mère française – Père chinois – Lieu de résidence : Chine
  3. Mère chinoise – Père français – Lieu de résidence : France
  4. Mère française – Père chinois – Lieu de résidence : France

Pourquoi est-ce que je différencie aussi les cas entre père et mère chinoise ?

Parce que la relation entre une mère et son enfant est selon moi toujours un peu plus forte que celle entre le père et l’enfant, en particulier en bas âge.

Et cela joue forcément dans la proportion de français et de chinois auquel l’enfant sera exposé.

Ma situation personnelle

Commençons par le cas que je connais le mieux puisque cela a été ma situation personnelle pendant 4 ans :

Le cas Mère chinoise – Père français – Lieu de résidence : Chine.

Cette situation est la pire de toute car l’enfant va être majoritairement exposé à du chinois en proportion 85/15 je dirais.

Déjà par sa mère avec laquelle il entretient une relation plus forte. Mais aussi par son environnement avec lequel il interagit exclusivement en chinois.

Cette situation est identique à celle Mère française – Père chinois – Lieu de résidence : France.

La seule différence c’est que dans ce cas, l’enfant est majoritairement exposé au français. Mais les proportions restent globalement les mêmes (85/15).

Dans les 2 cas l’enfant risque d’acquérir un niveau supérieur dans une langue par rapport à l’autre ce qui mettra en danger son bilinguisme.

Ce n’est pas ce que l’on veut !

Les 3 règles du bilinguisme

Personnellement, j’ai assez mal vécu cette situation lorsque je vivais en Chine.

Car je voyais le niveau de chinois de mon fils qui doublait quasiment chaque jour alors que son niveau en français lui, semblait ne jamais décoller.

Pire encore : Lorsque je lui parlais en français, il me répondait en chinois.

Pourtant je lui lisais des histoires en français tous les soirs avant de dormir.

Je lui faisais aussi écouter des comptines en français pour qu’il s’habitue aux sons de la langue française …

Mais ça ne semblait pas être suffisant. Il continuait de ne parler que chinois au quotidien.

J’ai donc instauré 3 règles à la maison :

#1 Interdit de répondre à papa en chinois

« Si tu me réponds en chinois, je ferai semblant de ne pas te comprendre »

Au début, c’était la guerre.

Il piquait des crises de larmes car il ne voulait pas me répondre en français.

J’avais toujours le droit à des « wo buzhidao zenme shuo » (Je ne sais pas comment dire) comme réponses.

Donc à chaque fois, je devais lui répéter comment formuler correctement sa phrase en français.

Mais petit à petit, il s’est mis à me répondre en français par lui-même.

Français un peu approximatif certes, mais français quand même !

Ça avançait dans la bonne direction !

Bon par contre cette astuce ne fonctionne que pour des questions très simples ou lorsqu’il avait vraiment besoin de quelque chose de ma part.

Car évidemment pour tout le reste, il parlait en chinois. Notamment avec sa mère.

Mais concrètement, cette technique lui a permis d’apprendre à dire toutes les phrases françaises basiques du type :

  • Papa je veux manger
  • Papa je veux boire du lait
  • Papa je veux aller jouer au bac à sable
  • Papa je veux un bonbon
  • Papa je veux …

Ça reste très faible comme vocabulaire, on est d’accord …

Mais comme j’étais intransigeant, ça lui a quand même permis d’apprendre à dire ses premières phrases en français.

Pour moi c’était une première petite victoire !

#2 Dessins animés uniquement en français

Les 3 règles du bilinguisme

Comme beaucoup d’enfants, mon fils adore regarder des dessins animés.

Je sais que beaucoup d’experts déconseillent d’exposer des enfants en bas âges aux écrans. Mais si c’est bien contrôlé par les parents, tu vas voir qu’il n’y a pas que des désavantages.

Dans le cas de mon fils, ses progrès ont même été spectaculaires grâce aux dessins animés.

Et pas seulement dans l’apprentissage des langues.

Au début je lui mettais des dessins animés très simples à comprendre en français.

30 minutes de Peppa pig le matin et 30 minutes de Peppa pig le soir.

Après quelques semaines, ses progrès en français étaient déjà notables. Il comprenait tout ce que je lui disais du premier coup en français.

C’est fou le vocabulaire qu’un enfant peut apprendre grâce à Peppa pig.

Mais comme je te le disais plus haut, il n’a pas seulement appris du vocabulaire en français grâce aux dessins animés, il a aussi appris à lire, compter et même écrire.

Je n’exagère pas, à 3 ans il savait aussi compter jusqu’à 10 000+ en français en chinois et même en anglais grâce aux vidéos éducatives sur YouTube Kids.

À 4 ans, il a même appris à écrire toutes les lettres de l’alphabet en majuscule, minuscules et même en cursive avec l’application Letter School (que je recommande au passage à tous les parents).

Je te laisse juger du fonctionnement :


Aujourd’hui à 5 ans, mon fils a une avance scolaire considérable, notamment grâce à cette appli.

Je me suis même fait convoquer par la maîtresse qui croyait qu’on le forçait a faire des maths a la maison car sait faire des multiplications et des divisions.

Alors qu’on ne l’a jamais forcé à faire des maths à la maison.

C’est juste qu’il adore regarder des dessins animés éducatifs sur YouTube Kids.

En particulier la série Number Blocks que je recommande à tous les parents car vraiment incroyable pour apprendre à compter et notamment apprendre à diviser).

number block

À regarder en chinois évidemment, histoire de faire une pierre 2 coups !

Comme quoi les écrans (quand c’est bien contrôlé) n’ont pas que des inconvénients.

Je t’ai préparé une petite compilation de ses créations en fin d’article.

#3 Cours de français hebdomadaire obligatoire

Pas dans une école de langue académique bien sûr.

Car avant 4 ans, les enfants n’ont pas encore la maturité ni la concentration nécessaire pour écouter un prof parler.

Mais plutôt sous forme de jeux en français avec des éducateurs natifs.

Par exemple lorsque j’habitais en Chine, j’avais contacté la communauté francophone de Nankin pour organiser des rencontres avec d’autres parents français.

Car tout le monde avait plus ou moins le même problème : Leurs enfants ne parlaient pas assez français !

Donc des activités comme des pics-nics ou des sorties au parc leur permettaient de s’exposer un peu plus à la langue française.

Par contre, ce n’est pas parfait et souvent les enfants parlaient quand même chinois entre eux 🤦‍♂️.

Mais c’était mieux que rien et ça leur permettait de côtoyer des locuteurs natifs français.

Comment adapter ces règles à ta situation

ecole de chinois pour enfant objectif bilingue

L’école de chinois « OBJECTIF BILINGUE » à paris dans laquelle est scolarisé mon fils

Si tu es dans le cas inverse, c’est-à-dire #4 Mère française – Père chinois – Lieu de résidence : France), c’est facile : il suffit d’inverser les règles.

Le but étant d’exposer un maximum ton enfant à la langue chinoise.

La diaspora chinoise est riche en France et il y a de nombreuses associations et écoles de mandarin pour enfant, en particulier à Paris.

J’ai d’ailleurs écrit un petit comparatif pour te présenter les meilleures écoles pour enfants sur Paris.

Mon fils y suit des cours et je peux clairement voir ses progrès chaque semaine, notamment à l’écrit où il s’est beaucoup amélioré sur l’écriture des caractères chinois.

Si tu es dans les situations #2 et #3 :

#2 Mère française – Père chinois – Lieu de résidence : Chine

#3 Mère chinoise – Père français – Lieu de résidence : France

C’est un peu plus facile de conserver un bon niveau dans les 2 langues à condition que maman joue le jeu et fasse l’effort de parler sa langue maternelle à la maison.

En respectant les 3 règles, ton enfant devrait arriver à une exposition de l’ordre de 60/40 en francais-chinois.

Ce qui est déjà pas mal !

Le cas modèle des familles d’expat monolingues

Je fais une petite parenthèse sur le cas idéal d’une famille d’expats dans laquelle les 2 parents sont natifs de la même langue.

Dans cette situation, les enfants sont exposés à un ratio presque parfait de 50/50 entre le français et le mandarin.

C’est le cas par exemple des familles 100% chinoises qui sont venues s’installer en France ou des familles 100% française qui sont parties s’installer en Chine.

J’ai d’ailleurs eu la chance d’en rencontrer une en Chine et j’ai pu réellement voir à quoi ressemblaient des enfants 100% bilingues français chinois.

C’était assez impressionnant de voir des petites têtes blondes parler parfaitement français et mandarin, le tout sans accent !

Ils parlaient même le dialecte local !

J’étais vraiment scotché et très admiratif.

Les parents m’ont expliqué qui leur enseignait le français à la maison pendant la pause dej, en suivant les cours du CNED

Évidemment c’est une situation particulière où les enfants sont exposés à un ratio presque parfait de mandarin et de français.

Donc difficile à reproduire dans le cas d’un couple mixte.

Ce que je recommande aujourd’hui avec le recul

Faut-il interdire les écrans à un enfant franco-chinois ?

Je voudrais terminer cet article par un petit update sur ma situation + une prise de recul par rapport à ma situation antérieure.

Comme tu le sais peut-être, je suis revenu vivre en France avec mon épouse chinoise et mes 2 enfants.

Ma situation s’est donc quelque peu inversée.

Quel impact sur le bilinguisme de mes enfants ?

Pour le grand c’est simple, grâce à l’école française + l’environnement français il s’est mis à parler français naturellement en seulement 3 semaines.

Alors bien sûr il faisait faisait des fautes, notamment des fautes sur le genre des mots et beaucoup d’erreurs de participes passés (en particulier les verbes du 3e groupe).

Mais son accent français était quasi parfait. D’ailleurs à la maternelle aucun enseignant n’avait remarqué qu’il venait de Chine.

J’étais moi-même vraiment stupéfait.

Pendant notre séjour en Chine, je m’inquiétais beaucoup pour son français. Mais finalement, j’ai réalisé qu’il assimilait le français dont je l’entourais, même s’il ne le montrait pas ouvertement.

Toutes les histoires que je lui racontais le soir, toutes les chansons qu’on chantait sur la route de l’école, toutes les fois où je me suis fâché parce qu’il ne voulait pas me répondre français …

Et bien ça a payé ses fruits et il a pu intégrer un cursus scolaire français sans aucun souci.

J’étais à la fois très fier de lui et en même temps je m’en suis voulu d’avoir été un peu dur parfois.

Je m’en suis aussi un peu voulu d’avoir autant stressé pour rien sur son niveau de français quand on vivait en Chine.

Car finalement les enfants sont de vraies éponges et ils apprennent beaucoup plus vite qu’on ne le croit.

Avec le recul, j’aurais dû moins me mettre la pression sur cet aspect.

Pour mon 2e fils (qui vient de souffler sa première bougie à l’heure ou j’écris ses lignes), la situation est différente puisqu’il est né en France.

Donc le challenge pour lui, va être de conserver un bon niveau de chinois.

Mais avec toute l’expérience que j’ai accumulée avec le premier, je ne me fais désormais plus aucun souci 😉

J’espère que ce témoignage pourra inspirer d’autres parents franco-chinois.

Je compte d’ailleurs à cet effet créer un peu plus de contenus pour aider les enfants à maintenir un bon niveau en chinois.

Notamment sur les applications pour apprendre les caractères chinois à un enfant.

J’ai fait de belles trouvailles récemment sur ce sujet 😉

Voici d’ailleurs quelques œuvres de mon fils entre l’âge de 2 et 4 ans dessinées sur la tablette familiale :

Tablette 2

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