Coucou les Jiaozi 🥟

Aujourd’hui, je vous propose de découvrir le fonctionnement de la famille chinoise traditionnelle.

Comme vous allez le voir, c’est totalement différent de nos familles nucléaires françaises.

Je vais vous partager mes réflexions, des sourires et même quelques larmes.

Car depuis la naissance de Tu Nainai (notre fille), ma vie est devenue riche en enseignements et en émotions !

Et j’ai vraiment compris que je vivais avec un Chinois de Chine (et non pas de la diaspora).

Je vous explique tout ça !

L’idéal de bonheur familial selon la pensée chinoise

Famille chinois 2

Avant d’entrer dans le vif du sujet, j’aimerais vous présenter ce célèbre proverbe chinois 四世同堂 (Sì shì tóngtáng) qui signifie « 4 générations sous un même toit » :

  • 四 (sì): Ce caractère signifie « quatre » en chinois. Dans le contexte de ce proverbe, il fait référence au nombre de générations.
  • 世 (shì): Ce caractère signifie « monde » ou « génération » en chinois. Dans ce proverbe, il fait référence aux générations d’une famille chinoise.
  • 同 (tóng): Ce caractère signifie « même » ou « ensemble ». Il indique ici que les générations coexistent ou vivent ensemble.
  • 堂 (táng): Ce caractère a plusieurs significations, dont « salle » ou « hall ». Dans ce contexte, il fait référence à une maison ou un lieu où les membres de la famille chinoise vivent ensemble.

Ce proverbe décrit le bonheur familial parfait à la chinoise. C’est-à-dire que 4 générations qui vivent sous un même toit permet de vivre heureux.

On est bien loin de notre famille française nucléaire où, une fois que l’on a sa famille construite, nos parents ne font plus vraiment partie de notre famille « proche ».

Ce proverbe est aussi le titre d’un livre très connu de l’écrivain Lao She.

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L’expérience d’un couple franco-chinois

Comme bon nombre de parents actuels, nous avons mûrement réfléchi notre choix avant de donner naissance à notre petite Tu Nainai.

Vivant en France à plus de deux heures de route de ma famille, envisager des options de garde s’avérait complexe.

Je faisais remarquer à Panda (mon mari) que de nos jours, il n’était pas inhabituel que des couples résidant loin de leur famille fassent le choix d’avoir des enfants.

Et heureusement ! Sinon beaucoup d’entre nous n’emprunteraient pas ce chemin !

Je lui rappelais aussi les alternatives disponibles en France telles que les crèches ou les assistantes maternelles, indiquant que nous n’étions pas dépourvus de solutions malgré tout.

Cependant, Panda se montrait réticent, traumatisé par des souvenirs d’enfance où il avait été maltraité par sa nounou en Chine.

Une peur exacerbée par les actualités relayant des cas de maltraitance dans les crèches. Il se remémorait le jour où Mama (ma belle-mère chinoise), suspectant le pire, s’était cachée derrière la porte et avait surpris la nounou en train de le gifler.

Suite à cet incident, c’est Laolao (sa grand-mère maternelle) qui avait pris la relève, mettant fin à sa carrière pour s’occuper de lui.

Progressivement, j’ai réussi à le convaincre petit à petit… du moins jusqu’à ce que des nouvelles alarmantes sur les crèches ne refassent surface.

Et puis Tu Nainai est venue au monde, et c’est là que les choses ont commencé à se corser …

Mon expérience avec mes grands-parents

Le cas modèle des familles d’expat monolingues

J’ai principalement grandi sous l’aile bienveillante de mes grands-parents.

Face aux contraintes professionnelles et à la séparation de mes parents dès mes premiers mois, ils ont choisi de me garder, m’offrant ainsi un environnement plus stable.

Cette expérience m’a rapprochée d’eux d’une manière unique, forgeant un lien spécial que je n’ai pas pu tisser avec mes parents.

Bien que je chérisse mes parents, c’est à mes grands-parents que je dois tout. D’ailleurs quand mon grand-père nous a quittés, j’ai eu l’impression de perdre un papa.

Pendant des années, j’en ai même voulu à ma mère de ne pas avoir eu le courage de m’élever seule.

Mais devenir mère a permis d’ouvrir un nouveau canal de communication et de compréhension entre nous. Elle m’a confessé qu’elle avait toujours regretté ce choix et que si elle pouvait changer les choses, elle aurait fait autrement.

Initialement, ma mère prévoyait de nous rejoindre pendant un mois suivant la naissance de Tu Nainai. Pour nous aider à nous adapter à notre nouvelle vie de famille.

Cependant, elle a réalisé l’importance de nous laisser forger notre propre unité, notre trio soudé.

Elle nous a encouragés à bâtir ce nid familial, prête à intervenir si le besoin se faisait sentir, mais désireuse que je vive ce qu’elle n’avait pas pu expérimenter.

Je lui suis infiniment reconnaissante pour ce sacrifice silencieux, lui permettant de manquer les premiers instants précieux de sa petite-fille.

La conception de la famille chinoise selon Panda

Famille chinois traditionnelle

Panda ne pouvait concevoir l’idée de ne pas recevoir d’aide extérieure après l’arrivée de notre petite.

En Chine, Mama serait venue sans hésitation pour m’assister pendant la période cruciale du Yuezi, un sujet que j’ai abordé dans un article précédent.

Je dois avouer que gérer seule le quotidien avec Tu Nainai est vite devenu épuisant après un mois.

Surtout avec Panda ne pouvant pas prendre l’intégralité de son congé paternité immédiatement.

À bout de forces, j’ai sollicité l’aide de ma mère, cherchant refuge et soutien chez elle.

Mais même là-bas, elle insistait pour que je sois au centre de l’éducation de Tu Nainai, encourageant la création d’un lien fort entre nous, un lien que nous n’avions pas eu l’opportunité de construire.

Elle prônait la notion que les grands-parents étaient davantage des figures de joie et de plaisir dans la vie d’un enfant, plutôt que des éducateurs principaux.

Bien entendu, cela ne signifie pas que les grands-parents ne doivent pas chérir leur temps avec leurs petits-enfants.

Mais l’idée était d’éviter la dynamique que beaucoup de personnes de ma génération ont vécue, grandissant principalement chez leurs grands-parents et forgeant des affections parfois même plus profondes avec eux qu’avec leurs parents.

Une situation que je sais être commune !

Le rôle des grands-parents en Chine

Panda et moi, nous partageons des enfances similaires.

Bien que ses parents n’aient pas été séparés, ils travaillaient jour et nuit, laissant Panda principalement aux soins de ses grands-parents.

Cette distance parentale ne l’a jamais dérangé, car en Chine, c’est courant. D’ailleurs actuellement, cette tradition persiste.

Son ami proche et sa femme, ont même déménagé chez les parents de cette dernière, permettant ainsi une garde simplifiée et une diminution des déplacements quotidiens.

C’est ainsi en Chine: les enfants passent la journée chez les grands-parents tandis que les parents s’affairent au travail.

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La question du Hukou et ses implications

Pour illustrer davantage, j’ai aussi connu une collègue à Shanghai qui n’avait d’autre choix que de laisser sa fille vivre avec ses grands-parents dans le Jiangxi,

Une conséquence directe des politiques de Hukou, ou registres de résidence, des villes comme Shanghai et Beijing, qui offrent de meilleures assurances et opportunités éducatives.

Cependant, cette distance signifiait qu’elle ne pouvait voir sa fille que lors du Nouvel An chinois, une situation que je trouve encore plus incompréhensible maintenant que je suis mère.

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Des choix difficiles : l’éloignement géographique

La réunification de mes parents a déclenché en moi une sorte de sentiment d’abandon de mes grands-parents, des figures constantes dans ma vie.

Ainsi, « maison » a toujours été associé à l’endroit où vivaient mes grands-parents, pas mes parents.

Pour ajouter une perspective de plus, Panda connaît un coiffeur en Italie qui n’a pas revu ses enfants restés dans le Zhejiang pendant cinq ans.

Une situation exacerbée par la pandémie de Covid, certes, mais qui souligne la norme acceptée de séparation familiale en Chine.

Une norme qui, bien qu’étrangère à beaucoup, ne choque personne là-bas.

Et c’est là où je me suis heurtée à Panda. Car lui et moi n’avons absolument pas la même vision des choses.

La difficulté des familles multi-culturelles

En quête d’un équilibre familial

Je représente une génération en France qui, ayant ressenti le manque de moments précieux avec les parents durant l’enfance, cherche à chérir et à cultiver chaque instant passé avec eux.

Mon souhait est donc de réaffirmer notre rôle de parents, tout en laissant les grands-parents profiter de leur propre vie, en dépit des visites fréquentes et des vacances partagées.

Cette vision contraste fortement avec l’approche de Panda, qui au contraire, soutient que les grands-parents devraient cohabiter et participer activement à l’éducation des petits-enfants.

La réflexion sur les rôles des grands-parents dans la famille chinoise moderne

Panda, étant enfant unique, ne peut pas saisir pleinement ma réticence à inviter ma mère à abandonner sa vie et s’installer chez nous.

Une décision qui, dans mon esprit, serait injuste non seulement pour elle, mais aussi pour mes frères et sœurs.

De plus, il y a des défis pratiques à cette approche, comme la recherche d’un logement plus grand et la prise en charge des coûts supplémentaires.

Des aspects qui semblent échapper à la compréhension de Panda.

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Les défis d’un couple interculturel

Bien sûr, je reconnais et apprécie certains aspects de la notion chinoise de famille, mais sur ce point, je ne peux tout simplement pas concéder.

Cette divergence de vues met en lumière un des défis inhérents à notre relation interculturelle.

Car malgré une acceptation et une adaptation mutuelles dans de nombreux domaines, il est parfois difficile de surmonter les différences nées de nos backgrounds et éducations distincts.

Et vous mes chers Jiaozi, que préférez-vous ?

famille chinoise traditionnelle

Préférez-vous la structure familiale nucléaire, privilégiée en France, ou la famille élargie, courante en Chine ?

Je suis impatiente de connaître vos avis sur ce sujet où les opinions semblent diverger considérablement.

Dites-moi tout en commentaire.

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