La Chine est un pays millénaire qui compte plus d’un milliard d’habitants et s’étend sur une superficie de 9 600 000 km2 .
Comme vous vous en doutez, ces chiffres astronomiques se reflètent au niveau de la diversité linguistique encore présente dans le pays.
Saviez-vous qu’il existe 7 à 10 groupes de dialectes chinois et plus de 200 variantes régionales ? Oui, ça fait beaucoup !
Vous vous demandez peut-être quelle variété de chinois apprendre pour voyager en Chine ?
Est-ce plus pratique de parler mandarin ou cantonais ?
Est-ce nécessaire d’apprendre le pékinois ou le shanghaïen pour visiter ces villes ?
Je réponds à toutes vos questions dans ce guide détaillé sur les dialectes en Chine. C’est parti !
Sommaire
Dialectes ou langues chinoises ?
Avant toute chose, petit point de terminologie.
Peut-on vraiment parler de « dialectes chinois » ou devrait-on plutôt dire « langues chinoises » ?
Généralement, on distingue un dialecte d’une langue par le fait que cette dernière possède un statut officiel et des règles écrites.
Bien que cela porte à controverse, les différentes variations du chinois sont plutôt considérées comme des dialectes, car elles ne contiennent pas de règles écrites, de normes, de dictionnaires ou d’institutions propres.
Les dialectes se transmettent oralement, et il existe un seul système d’écriture en chinois (les caractères sont toujours les mêmes).
Il est important de comprendre que les dialectes parlés sont mutuellement inintelligibles.
En effet, la prononciation est très différente selon les différentes variantes de la langue. Et il ne s’agit pas que d’une question d’accent !
Par exemple, un locuteur cantonais ne comprendra pas une personne qui parle le mandarin. En revanche, elles pourront se comprendre par l’écriture. D’un certain côté, c’est assez pratique !
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Un peu d’histoire…
Le chinois appartient à la famille des langues sino-tibétaines.
Avant la dynastie Han (206 av. J.-C. à 220 apr. J.-C.), le chinois archaïque était plus proche du tibétain que du chinois moderne. Il ne s’agissait d’ailleurs pas d’une langue à tons.
Au fil des dynasties, de nombreuses langues et dialectes ont coexisté.
Au cours de la dynastie Ming, le mandarin (basé sur le dialecte de Pékin) est devenu la langue de la classe dirigeante. Cependant, le peuple continuait de parler plusieurs dialectes.
C’est en 1956 que la République populaire de Chine a adopté le mandarin comme langue officielle dans un souci d’unification du pays.
Il a été choisi comme langue commune dans l’éducation, l’administration et les médias.
Bien que cette langue standardisée existe (et facilite grandement la communication au sein du pays), les dialectes existent et sont toujours utilisés en Chine.
Généralement, les Chinois maîtrisent à la fois le dialecte de leur région et le mandarin.
Si vous voyagez en Chine, vous pourrez donc vous débrouiller avec le mandarin, mais ça se peut que dans la rue, vous entendiez un tout autre type de chinois ! (Et ne vous inquiétez pas si vous ne comprenez rien, c’est normal.)
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Le nombre de dialectes en Chine
Selon la classification la plus récente (Sun, Hu & Huang, 2007 : 98), il existe 8 groupes de dialectes chinois :
- le mandarin (普通话) ;
- le wu (吴语) ;
- le xiang (湘语) ;
- le gan (赣语) ;
- le hakka (客家话) ;
- le cantonais (le yue) (粤语) ;
- le min (闽语) ;
- le jin (晋语).
Certains linguistes ajoutent à cette liste deux autres familles : le huizhou et le pinghua.
Si l’on prend toutes les variations linguistiques existantes, il y en aurait au minimum 200.
Les 8 groupes de dialectes chinois
Le mandarin (普通话 – pǔ tōng huà)
Le mandarin (ou « chinois standard ») est la langue officielle de la République populaire de Chine.
On l’utilise pour l’éducation, le gouvernement, l’administration, les médias et le business.
Le mandarin est aussi la langue officielle de Taïwan et l’une des 6 langues officielles des Nations Unies.
Autres noms utilisés :
- 中国话 zhongguo hua (en Chine continentale) ;
- 国语 Guoyu (à Taïwan) ;
- 汉语 Hanyu (qui signifie « langue parlée par le groupe ethnique Han »).
- 中文 Zhongwen (qui signifie “Langue chinoise” au sens littéraire du terme)
👉À lire aussi : Chinois ou mandarin : quelles différences ?
C’est la variété de chinois qui possède le plus de locuteurs natifs (65 % de la population a pour langue maternelle le mandarin).
Si vous souhaitez apprendre le chinois, vous étudierez très certainement le mandarin !
C’est celle enseignée dans les manuels scolaires. Elle vous permettra d’être compris (presque) partout en Chine !
C’est également la langue qui est utilisée par les entreprises et dans le monde des affaires.
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Le wu (吴语 – wú yǔ)
Les locuteurs de ce groupe linguistique viennent principalement de Shanghaï, de la province du Zhejiang et de celle du Jiangsu.
C’est l’un des groupes majeurs des langues sinitiques : il est parlé par 6,1 % de la population chinoise !
Il y a beaucoup de variations au sein même de ce groupe et certains dialectes wu ne sont pas mutuellement compréhensibles.
Si vous partez à Shanghaï, vous entendrez certainement des locaux discuter dans un de ses dialectes !
À lire aussi : Shanghai en chinois – Origine et traduction du mot 上海 Shang Hai
Le xiang (湘语 – xiāng yǔ)
Le chinois xiang est plus couramment parlé dans la province du Hunan, mais il existe aussi des locuteurs dans le Guangxi, le Guizhou et le Hubei.
Environ 3 % de la population chinoise parle une variété du xiang. Comme la plupart des locuteurs viennent du Hunan, on l’appelle aussi le « hunanese ».
Le gan (赣语 – gàn yǔ)
Le gan est principalement parlé dans le Jiangxi et dans les régions avoisinantes (le Hubei, le Hunan, l’Anhui et le Fujian).
Il peut également être orthographié Gann ou Kan. Différents dialectes Gan existent, mais c’est celui de Nanchang qui est considéré comme le plus représentatif.
Il est parlé par 3,9 % de la population. D’un point de vue photonique, il est assez proche du groupe Hakka.
Le hakka (客家话 – kè jiā huà)
Le hakka (ou kejia) est une variation du chinois parlée principalement dans le sud de la Chine (dans le Guangdong et le Fujian) et à Taïwan.
Pour l’anecdote, le mot « hakka » signifie « peuple invité ».
Il existe aujourd’hui des locuteurs hakka dans le monde entier. Les différentes variantes de ce dialecte sont généralement mutuellement intelligibles.
Le yue / cantonais (粤语 – yuè yǔ)
Le cantonais est la variété standard du chinois yue. C’est la langue principale dans la province du Canton, mais c’est aussi la langue officielle de Hong Kong et de Macao.
À noter : toutes les variétés de chinois yue ne sont pas forcément mutuellement compréhensibles.
Pour en savoir plus :
- Cantonais ou mandarin : quelles différences ?
- Hong Kong en chinois – Origine et traduction du mot 香港 Xiang gang
Le min (闽语 – mǐn yǔ)
Le min est un groupe de dialectes chinois parlés dans la province du Fujian, dans le sud-est de la Chine.
Il serait utilisé par plus de 70 millions de locuteurs. Ce groupe se distingue des autres par une différenciation précoce il y a environ 2 000 ans, avant même l’apparition du chinois médiéval.
Les variétés de min ne sont pas mutuellement compréhensibles entre elles, ni avec les autres groupes de dialectes chinois.
Le jin (晋语 – jìn yǔ)
Cette variété de chinois était autrefois apparentée au dialecte mandarin ganga, mais est aujourd’hui considérée comme un groupe à part entière.
Elle est principalement parlée dans la province du Shanxi et dans la région autonome de Mongolie-Intérieure.
Quel dialecte apprendre pour parler chinois ?
Vous l’avez certainement compris tout au long de cet article. Pour partir en Chine, il vaut mieux apprendre le mandarin !
C’est la langue enseignée à l’école et utilisée dans les médias, vous pourrez donc vous débrouiller dans (presque) tout le pays en ne parlant que cette variété.
Je dis presque parce qu’à Canton, à Hong Kong et à Macao, le cantonais sera tout de même plus utile.
Dans certaines campagnes reculées, il se peut que l’on parle toujours principalement les dialectes.
À lire aussi : Les 23 provinces de Chine (省) : Le petit guide culturel
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Après très peu de temps passé en Chine, ce qui m’a le plus surpris : j’ai l’impression que ce qu’on appelle le Mandarin est aussi, encore, pas seulement une langue mais aussi un outil de distinction sociale.
Je n’ai pas du tout la même expérience en parlant avec (avec pleins pleins de guillemets) des « prolos » et des gens de classes sociales plus élevées en tout cas classes moyennes, qui probablement se donnent une posture avec un parler et un accent 普通话 très articulé.
J’ai un mal de chien à comprendre par exemple les gardiens de mon école, les 阿姨 de ma communauté, ou les livreurs de 快递, alors que eux peuvent comprendre à peu près ce que je baragouine. J’imagine parce que j’ai appris une prononciation 普通话 très standard / artificielle, même si ma grammaire est toute pétée.
Au contraire, je peux détecter tout de suite quand qqun passe près de moi dans la rue et parle un Mandarin très 标准. J’ai aussi déjà suivi quelques cours à l’université et j’arrive à comprendre presque tous les pinyins instantanément. À noueau, le contexte semble propice à niveler les prononciations et aider le collectif à tout comprendre en dépit d’origines différentes (ce qui n’est pas une mauvaise chose évidemment). Dans ce cas en général ma compréhension est vraiment limitée à mon propre vocabulaire, à mon niveau HSK en gros.
Mais de dois avouer du coup c’est assez frustrant car j’ai l’impression d’être par défaut enfermé dans une bulle langagière, de ne pouvoir communiquer qu’avec certaines catégories de personnes… J’espère que ça s’atténue un peu avec le temps ! Des conseils là dessus, Océane et Alex? Merci ! 🙏
Bonjour monsieur. Il est vrai que le mandarin que nous, étrangers, apprenons n’est pas pratiqué par une certaine catégorie, comme vous l’avez cité. Toutefois, c’est en étant en contact avec cette « classe » que vous pourrez vous familiariser avec les différentes versions du mandarin.
Si ça peut te rassurer, beaucoup de Chinois natifs te diront que pour eux aussi c’est compliqué de les comprendre. Surtout si ils sont natifs d’une autre région de Chine et que du coup, ils parlent un autre dialecte.
Oui ça s’atténue avec le temps mais uniquement pour le dialecte local du coin où tu habites. Par exemple après 2 ans et demi passés à Kunming, j’arrivais à mieux comprendre les locaux et je parlais même un petit peu le dialecte du coin. Mais dès que tu changes de région tu repars à 0 du coup ça ne m’a pas trop motivé à continuer de bosser les dialectes de chaque région.
D’une manière générale, le niveau de mandarin ainsi que l’accent d’une personne te donne beaucoup d’indications sur son origine sociodémographique. Tu peux facilement deviner sa région origine avec l’accent ainsi que son niveau d’étude en fonction de la qualité de son mandarin (prononciation des pinyins et des tons).